mercredi 23 octobre 2013

Heures de Pointe !

Une grande brune habillée toute en noir n’arrête pas de parler au téléphone et sa voix m’agresse, j’avais tant envie de calme ! Dans ce train bondé, impossible de changer de place. J’en suis à souhaiter que le réseau se coupe, que le train ne prenne plus que des tunnels infinis et que la lumière ne revienne qu’à destination du voyage. Ouf, le ciel m’a écouté, elle est tout hagard devant son portable arrêté, essaie en vain de le remettre en marche, se plaint que ça ne capte pas… son petit malheur fait mon grand bonheur d’un silence bien mérité… mais pas de chance, un reliquat de réseau est revenu m’empoisonné et la voilà qui reprend sa conversation, là où elle l’avait laissé, criant un peu plus pour se faire entendre et mélangeant dans son français quelques brides de sa langue maternelle. Mais facile de comprendre qu’elle parle de ses enfants, de la façon dont elle les habille, des caprices qu’ils font tout le temps… le contenu d’une conversation sans aucun intérêt, sans doute pour éviter de se retrouver seule avec elle-même…
De grands cheveux ébène encadrent son visage, je me surprends à la détailler n’écoutant plus son babillage. Elle téléphone comme si elle jouait un rôle, se doigts passent sans cesse sur sa frange, ses yeux noirs roulent autour d’elle à la recherche d’un détail qui les accrochent, sa bouche pulpeuse, dessinée au crayon rose, s’ouvre et se referme à une vitesse impressionnante, vertigineuse dont les sons sortent sans cesse… des mots de toutes sortent s’additionnent les uns aux autres, elle parle d’arrêt maladie, de ramadan, de crèche pour les enfants… elle doit saouler autant son interlocutrice que moi, victime de son bavardage. Elle ne raconte vraiment que des banalités et je retiens très fort mon envie de lui arracher ce boitier maléfique pour qu’elle se taise enfin ! Vive les voyages en train aux heures de pointe!


vendredi 18 octobre 2013

Drôle de Mariage

Il se passe parfois des choses dans la vie qui font poser plein de questions, des événements que l’on croit pouvoir contrôler un tant soit peu, et qui nous échappent totalement… et quand je dis totalement, c’est bien le bon mot… on se retrouve passif, oisif, un peu déboussolé, un peu contrarié, à faire bonne figure devant tout ce monde réuni et dont on fait partie en se demandant du coup, ce qu’on fait là… je suis bien consciente de ne pas vous expliquer la raison de cet étourdissement qui m’a pris lorsque, persuadés de nous rendre à l’anniversaire de notre fils et de son amie, nous nous sommes retrouvés sur la place de la mairie après un soit disant jeu de piste, à regarder s’installer un monsieur portant une banderole bleu blanc rouge, juste devant la porte de la dite salle commune.
Alors on se demande ce qu’il fait là, on n’ose pas se dire que c’est pour un mariage qu’il installe une table avec le joli buste de notre Marianne nationale. Et puis, on est là pour un anniversaire, les trente ans de notre fils, non ? Alors quand on voit arriver notre adorable grand garçon, habillé bien drôlement pour un anniversaire : veston mauve, casquette violette, cravate dans les mêmes tons, jolie chemise fleuri et pantalon presque chic… on commence à laisser germer les questions qui refusaient d’aborder notre cerveau bien embrumé par le refus de penser… et lorsque s’approche celle qui partage sa vie depuis presque dix ans et qui nous a déjà donné deux adorables petites filles, dans une tenue bien accordée à celle de notre fiston… une robe bleue marine avec plein de tulles de toutes les couleurs en jupon, on se dit qu’il se prépare un événement que là, on n’a pas, mais alors pas du tout vu venir. Enfin pour être honnête, évidemment qu’un anniversaire dans un château, ça nous avait paru un peu démesuré pour nos enfants, mais ils étaient deux à fêter leur trente ans… notre fils et sa compagne, alors pourquoi pas ? Et puis lorsque ce soupçon s’imposait à notre esprit, on le repoussait violemment avec cette assurance : non, notre fils ne peut pas nous faire ça ! il nous l'aurait évidemment dit... 

Enfin, nous voilà au jour J, celui où votre fils dit « oui » à sa chère et tendre, et vous vous félicitez secrètement d’être allée chez le coiffeur la veille. Bon, comme il fait froid, qu’il pleut à moitié, et que vous vous croyiez juste dans un jeu de piste, vous n’avez sur vous qu’un vieux jean, la doudoune de l’hiver, et des chaussures montantes histoire de ne pas vous geler. Rien à voir avec la tenue somptueuse que vous auriez éventuellement pu imaginer porter pour ce grand jour. Bon, tout ça passe encore, mais c’est vrai que j’aurai aimé prendre le bras de mon fils et rentrer avec lui dans… la mairie, ne m’illusionnant pas sur le reste (une église ? pourquoi faire ?), mais non, rien de tout cela. Le maire, parce que c’est bien lui, se retrouve planté devant une foule de curieux qui murmure que c’est tout de même drôle de se marier ainsi, qui pose la question ouvertement devant le peu de famille qui se trouve là… « Mais vous n’étiez pas au courant vous ? »… et bien non, nous n’avons pas été mis dans la confidence, nous nous retrouvons au même niveau que vous, les chers copains de mon fils… comme vous devant un mariage anticonformiste, je crois que c’est le moins qu’on puisse dire, et devant deux jeunes gens de 30 ans accompagnés de 4 témoins au courant et d’un maire qui semble rire jaune devant cette assemblée frigorifiée. Tout est allé très vite ensuite, tant mieux, il faisait si froid, un coup d’œil vers mon mari, décomposé d’assister ainsi au premier mariage d’un de ses enfants, un coup d’œil sur les beaux parents qui ne savent plus s’ils doivent sourire ou pleurer… et moi le sourire un peu forcé, qui m'entends proposer à la fin de la cérémonie, si on peut appeler ça comme ça, de faire une photo de groupe devant la belle plaque marquée Mairie.
Une photo de groupe où tout le monde sourit quand même de cette surprise assez incroyable pour ce mariage dont on se rappellera toute notre vie. N’était-ce pas le but de ce cadeau que nous ont offert nos enfants… ?

mercredi 16 octobre 2013

Strip-tease


Un peu, beaucoup,
 Passionnément, à la folie,
Comme une marguerite
Elle se déshabille,
Sans se soucier
De sa conduite.
Comme une Marguerite
A nouveau elle quitte
Tout ce qui la pare
En faisant la nique
A tous ces regards…
Cette Marguerite
Qui ainsi s’effeuille
D’un geste agite
Sa jupe portefeuille
Qui soudain glisse glisse…
Arrive aux chevilles
Et vole comme une torpille…
Allant s’exploser sur le pauvre nez
Du bedeau passant très intéressé
Par la belle Marguerite déshabillée…
Sans aucun pétale
Sans plus de tissu
D’une danse estivale
Marguerite est nue…