dimanche 2 juin 2013

A qui la nuit blanche ?

Est-ce sa faute si ses yeux ne sont pas étanches quand elle dort ? Juste un rai de lumière et elle se réveille, ses yeux sont sensibles à la moindre petite clarté, alors que son conscient s’enfonce dans les abîmes du sommeil. Du coup, elle tourne, elle vire, elle finit même par souffler, et évidemment réveiller l’homme qui dort à ses côtés. Juste un petit faisceau et son conscient reprend le dessus… 
Voilà plusieurs années que ce problème se pose, que les volets se ferment presque automatiquement le soir, comme une cérémonie du coucher et qu’elle sourit à cette petite victoire d’imposer le noir complet à son conjoint depuis si longtemps.
Petite brouille conjugale et un jour le couperet tombe, le reproche jailli : l’homme dit supporter depuis la nuit des temps cet inconvénient et décide du jour au lendemain de clouer les volets ouverts contre le mur et de découper les rideaux en lambeaux pour qu’ils ne se referment plus sur la lumière du petit matin.
Gros coup de blues pour la belle : comment faire pour dormir dans la lumière… quand le jour se permet de pénétrer la pièce, le soleil de montrer sa présence, d’illuminer la chambre sans crier garde, de faire fuir l’obscurité au profit de cet éclat qui tombe jusque sur ses paupières. Devrait-elle ne plus dormir dans le même lit de cet homme ? Ne plus partager la même chambre ? Est-ce une raison valable pour faire chambre à part ?  
Quelques nuits d’essai pour plaire à son amour, la belle accepte de jouer le jeu, de dormir au jour la nuit… enfin de ne pas sauter du lit pour tirer les rideaux dès que la lueur apparaît, dès que la flamme de l’aube s’installe tranquillement dans l’appartement et se joue des paupières perméables de notre héroïne. Quand ce n’est pas la lune qui envoie son reflet jusque sur le visage de notre super nana.  Notre belle Héroïne n’est pas si fière que ça, l’épreuve est de moins en moins à sa portée. Le matin, les cernes lui caressent les joues, son teint blafard lui donne le cafard, et son humeur maussade l’apparente plus à une mégère non apprivoisée, qu’à la gentille épouse d'antan ! 
Ce que lui demande l’homme de sa vie est au dessus de ses forces, il va falloir trouver une solution pour reprendre le dessus de ces insomnies de peur de voir leur couple se déliter dans cette nouvelle configuration de leur tandem. Il est tant d’agir et de trouver LA solution qui va permettre un compromis pour résoudre cette question.
La discussion s’engage,  aucune des deux parties ne veut lâcher le morceau. Il faut dire que depuis que Monsieur se réveille au chant des rayons de soleil, son humeur est légère et sa mine réjouie. Plus question pour lui de revenir en arrière et d’ouvrir un  œil à n’importe quelle heure du jour et de la nuit et d’être persuadé qu’il vient juste de se coucher. Il se délecte dès l’aurore de la fraîcheur de cet étincellement et se rendort jusqu’à la minute qui précède le cri strident de son réveil matin : heureux, en forme pour une nouvelle journée. Le problème reste entier, la belle a bien essayer de planquer sa tête sous un oreiller sous peine d’étouffer, de serrer très fort cette fine peau qui recouvre ses globes oculaires, rien n’y fait, le sort s’acharne, la lumière transparaît et réveille la belle qui peine alors à retrouver son sommeil.

La solution est à mille lieu d'être trouvée et aucun compromis ne semble leur convenir, le couple s’enlise dans les discussions, puis hausse le ton tour à tour, se dispute carrément et chacun finit dans une chambre. Çà y est, le mal est fait, ils vont faire chambre à part, mais c’est sans compter sur leur amour trop fort l’un pour l’autre. Aucun ne peut se résoudre à laisser l’autre loin de lui, et ils se retrouvent tous deux au même instant, au milieu du couloir, se tombant dans les bras et revenant dans leur chambre nuptiale pour s’allonger sur le lit. Une petite surprise attend la belle : sur l’oreiller trône un drôle de morceau de tissus, comme un masque de Zorro, elle le prend, le retourne, le regarde, puis jette un œil vers son mari… Minaudant, elle ose alors dire : c’est pour moi ?  Puis  dans un sourire et sans attendre la réponse, elle le  pose directement sur ses yeux. Mais pourquoi n’y ont-ils pas pensé plus tôt ? Ils se couchent raccommodés par cette brillante idée et tous deux s’endorment du sommeil du juste l’une dans le noir de son voile et l’autre ravi de savoir que le blanc du jour viendra le tirer de sa torpeur à potron-minet et lui permettra de retomber directement dans les bras de Morphée jusqu'à l’heure d’émerger. 

3 commentaires:

  1. Ah si tous les problèmes pouvaient être résolus par un simple bout de tissu! pffff (soupir!)

    Bravo pour cette belle histoire dont tu as le secret. Une histoire à dormir debout? Pas tant que ça!

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  2. C'est marrant l'idée que faire chambre à part soit un mal, des tas de couples s'irritent pour ronflements, remue ménage, couette qui s'échappe et j'en passe, c'est que la chambre commune est un mal aussi parfois ;D

    les petits rendez vous au creux de la nuit dans la chambre de l'autre, je sais pas, c'est chouette aussi quand on est en forme et pas fâché contre la façon de dormir de l'autre, mais faut admettre que dans notre pays chambre ou lit part est synonyme de problèmes conjugaux

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  3. C'était juste un clin d’œil à ces taquineries de couple qui parfois gâche le quotidien... toute solution est bonne à prendre, pourvu qu'elle convienne à chacun ! quand à faire "lit à part", je ne pense pas que ce soit forcément synonyme de problèmes conjugaux ! Quand on a déjà la même façon de partager ses jours, on n'est pas obligé d'avoir la même façon de partager son sommeil...

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