mercredi 3 juillet 2013

Amitiés internationales

-          Courage ma fille, nous sommes bientôt au bout de nos peines, allez, tiens le coup, on arrive au bureau d’enregistrement… lui dit sa mère, alors qu’elles courraient toutes les deux dans les couloirs sans fin de l’aéroport de Schiphol à la recherche de ce foutu bureau. Il faut dire qu’elles venaient de faire douze heures d’avion entre le Honduras et Amsterdam, et que Marie, la plus jeune, avait très mal au ventre depuis qu’elle avait ingurgité le jus d’orange servi par la compagnie aérienne. Elizabeth, la maman, ne savait plus quoi faire pour la remettre sur pied et pas très à l’aise dans les aéroports, paniquait un peu à l’idée de ne pas trouver le bon bureau. Ayant  trois d’heures d’attente lors de cette escale,  elles arrivèrent très en avance sur l’horaire, et Liz, de son petit nom,  sortit du peu d’énergie qu’il lui restait son plus beau sourire à l’hôtesse derrière le comptoir et commença à baragouiner en anglais, tendant son billet et son passeport.
-          Vous n’êtes pas au bon endroit, madame, ici c’est la porte d’embarquement, il faut retourner sur vos pas…
Liz, déconfite, comprenant avec peine ce que disait cette blonde à l’accent incertain, fit une telle tête que l’hôtesse lui attrapa son billet électronique, regarda son passeport et lui dit que vue la distance à parcourir elles pouvaient s’enregistrer ici, et qu’elle les appellerait lors de l’embarquement. 
Liz souffla, et regardant l’air décomposé de sa fille, lui proposa d’aller se rafraichir aux toilettes, tout près d’ici.
Pendant ce temps, son regard circula sur les rangées de fauteuils déjà bien occupés, jusqu’à en repérer deux à côté l’un de l’autre. Elle alla s’assoir, et étendant ses jambes, elle ferma à demie les yeux pour se détendre un peu. Elles étaient parties faire une action humanitaire dans ce dangereux pays qu’est le Honduras et ces quinze jours sur place, bien que riches en rencontres, en découvertes et en émotions, les laissaient éreintées. Elles avaient hâte de rentrer chez elle où leur mari et père les attendait. Marie revint des sanitaires, plus blanche que jamais, chercha sa mère du regard et alla d’une traite se poser vers elle.
-          Vannée, je suis vannée… ça va toi ma p’tite mère ?
-          Oui, tout va bien, vivement la fin de ce voyage… il ne nous reste plus qu’à attendre l’embarquement.
Deux heures plus tard, l’oreille aux aguets, elles entendirent la voix de l’hôtesse annoncé l’embarquement pour Lyon, elles se levèrent alors et s’approchèrent de la porte. D’un geste précis, l’hôtesse leur fit signe de se mettre sur le côté et elles attendirent sagement qu’on leur dise d’y aller, ne comprenant pas vraiment la raison qui les empêchait de suivre le troupeau de touristes qui s’enfonçait dans le couloir pour rejoindre leur avion.  Il ne restait plus que six personnes à attendre, quand l’hôtesse leur expliqua dans un français très relatif, que l’avion avait été surbooké de 6 places, que 3 personnes seulement ne s’étaient pas présentées et que s’étant enregistrées au mauvais endroit, elles ne pouvaient prendre cet avion.
Gros moment de solitude pour la mère et la fille dont les informations arrivaient tout doucement dans leur cerveau et qui commençaient à comprendre qu’elles ne pourraient rentrer chez elle par ce vol. Ils étaient trois dans le même cas, puisque derrière elles un monsieur attendait et leur dit dans un français parfait, avec un accent de Strasbourg, que lui aussi  ne prendrait pas ce vol, et qu’il ne fallait pas qu’elles s’en fassent, tout allait bien se passer.

-          Quelle chance d’être avec un français, souffla-t-elle à sa fille dont la colère avait redonnée quelques couleurs à son teint. On va bien trouver une solution, reprit-elle assez peu sure d’elle mais faisant marcher son éternel optimisme. Elle entendit alors ce même homme parler à l’hôtesse qui s’avançait vers eux dans un pur hollandais et Liz ne put s’empêcher en se tournant vers lui de lui dire dans son plus joli sourire :
-          La providence nous offre un français qui parle apparemment couramment hollandais… quelle chance, c’est plutôt rare !
Et l’homme de rétorquer :
-          Je suis plutôt un hollandais partant couramment français, ce qui est déjà moins rare…enchanté, je me prénomme Herman et l’hôtesse vient de me dire que   la compagnie va nous dédommager de ce changement de programme et que nous allons pouvoir appeler gratuitement le numéro de notre choix pour prévenir quelqu’un et toucher la somme de 250 euros chacun pour combler ce préjudice…
Cette information redonna un peu plus de couleurs à Marie, et fit sourire sa mère qui reprenant de l’énergie fit agir son charme en acceptant la proposition de partager ces quelques heures d’attente avec leur compagnon de fortune.
Ils discutèrent à bâton rompu tout ce laps de temps, firent connaissance en refaisant le monde ou presque et lorsqu’ils s’aperçurent qu’aux prochaines vacances,  Herman et sa femme ne passaient pas loin du domicile de Liz et son mari, ce fut naturellement qu’ils s’échangèrent leur email avec la promesse de se retrouver quelques mois plus tard chez le couple français.

Ce fut le début d’une longue amitié internationale entre un couple français et un couple Hollandais… qui dure encore et encore…  Merci le surbooking…

2 commentaires:

  1. (parenthèse, j'ai essayé de trouver ton adresse mail, mais je ne suis pas douée pour trouver ce genre d'info alors j'ai mis mon adresse mail en réponse à ta gentille proposition ;))

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  2. C'est du vécu! et c'est un vécu que je connais et que j'admire!
    Bravo ma petite Prudence!

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