dimanche 12 octobre 2014

Une lettre retrouvée

Une lettre inquiétante retrouvée dans les sous bois du parc du château. Posée à terre et retenue par un caillou à chaque angle du morceau de papier, Jules, le jardinier ne savait que penser des quelques lignes qu’il avait lues et relues sur ce parchemin…
« J’oublierai toutes tes calomnies si tu passes le reste de ta vie à me demander pardon »…
Se grattant le menton, Jules, amoureux de la nature depuis toujours et jardinier du jardin des fleurs, se demanda bien ce qu’avait voulu dire l’auteur de ces quelques mots. Se baissant une nouvelle fois, il relut  jusqu’à apprendre par cœur cette énigme et regardant dans toutes les directions pour être certain  de ne pas être épié, il ramassa cette feuille déjà ternie par la le temps et la pliant en quatre, il la glissa dans sa poche.
Depuis cet instant ce billet devint la source de tous ces soucis… Qui avait bien pu écrire cette missive et l’abandonner sciemment sous quatre gros cailloux pour être bien certain qu’il la trouverait et essayerai d'en comprendre le sens. De quelles calomnies parlait ce bout de papier ? A qui demander ce pardon qui ferait oublier ces horreurs ? Jules commençait à prendre le message très au sérieux et petit à petit il trouvait dans sa vie passée toutes les raisons qui auraient pu mener quelqu’un à lui écrire ces quelques mots. Il n’en dormit plus de la nuit, n’osant en parler à Ernestine qui sans doute, se  serait moquer de lui, il ressassa ces lignes encore et encore  et se mit à languir de trouver un autre message pouvant donner une explication à toutes les questions qui venaient obstruer sa raison. Il revit en pensée toutes les méchancetés qu’il avait pu dire, s’en inventa même parfois comme pour se persuader que ce texte lui était dédié. Il ne parlait plus à personne, devenait taciturne et même son travail commençait à lui peser. Ces belles fleurs n’avaient plus le même éclat à ses yeux, rien ne le détournait de ses questionnements et il finit par en tomber presque malade.
Quelques temps plus tard, alors qu’il traînait la savate et ne trouvait plus goût à rien, Ernestine vint le trouver :
 -  que se passe t-il Jules ? Tu ne manges presque plus, tu es triste depuis quelques temps, tu ne siffles plus quand tu travailles et je te trouve mauvaise mine…
Jules, assis sur le banc du jardin, les yeux dans le vague, sortit lentement le bout de papier de sa poche, et le tendit à son amie… Ernestine parcouru le texte des yeux, regarda de façon perplexe son Jules, se demandant quel rapport il y avait entre son état et ce papier chiffonné dont les phrases à peine lisibles la laissaient indifférente.
                -  Tu ne vas pas me dire que tu te rends malade pour ce bout de papier ?
                -  Mais tu ne comprends pas que j’ai fait du mal à quelqu’un et que je ne sais même pas à qui je dois demander pardon… ? S’écria alors Jules…
-  Mais mon Jules, tu as pris cette phrase pour toi ? Tu en as fait une affaire personnelle ? Pourquoi ? Qu’as-tu à te reprocher qui mérite que tu te maltraites ainsi ? Ce papier est tombé du livre de Monsieur le jeune comte, celui qui fait du théâtre et qui apprenait son texte dans le jardin l’autre jour… c’est une de ses répliques, je me souviens l’avoir entendu la déclamer sur tous les tons. Il l’avait même coincé sur le sol avec quelques cailloux et faisait les cents pas en la récitant  à tous les vents tout en tournant autour pour vérifier qu’il n’oubliait aucun mot.
Incrédule, Jules se releva, surpris, étonné, et se grattant la tête, il reprit
-  Tu es certaine de ce que tu dis Ernestine ? Parce que… je…. Enfin, j’ai cru que….
-  Mais qu’as-tu pu croire, mon pauvre Jules ? Tu n’as jamais fait de mal à une mouche… allons mon bon, remets toi et prends en compte cette expérience : quoi qu’il arrive, n’en fais jamais une affaire personnelle… deuxième accord toltèque dont tu as bien besoin que je te passe le livre…. Allez viens, je vais te parler des autres accords et tu vas voir comme ta vie va changer et s’embellir… et sur un doux sourire, elle emmena Jules boire un bon café qui redonnerait sans nulle doute des couleurs à son visage pâle. Voilà l’occasion de lui parler de ce Don Miguel Ruiz dont depuis plusieurs années, elle essayait d’appliquer ses théories.

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