samedi 20 avril 2013

Les éléphants vont à la foire…



La petite famille est dans la voiture depuis moins d’une heure… papa roule vite, les enfants se plaignent d’avoir mal au cœur, maman ne cesse de se retourner dans la crainte d’en voir un régurgiter ce déjeuner, elle se maudit de ne pas avoir donner du solide ce matin, un bon fromage blanc avec quelques céréales aurait mieux valu que ce bol de lait qui pourrait bien déborder pendant la route. Mais quand on est une maman, on ne peut pas penser à tout ! Les enfants commencent à pleurer, ils en ont déjà marre de la route, la phrase rengaine arrive déjà en tête du hit parade des formules fétiches des enfants :
-          Maman c’est quand qu’on arrive ?
-          Dans un quart d’heure, vingt minutes, répond maman !
C’est la réponse automatique à cette phrase que les enfants posent inlassablement tout au long du chemin et qui reçoit depuis plusieurs années la même réponse… mais là, les enfants n’ont pas d’humour, les virages leur ont enlevé toute envie de sourire à cette petite phrase qui d’habitude donne lieu à des tas de petites histoires rigolotes… les enfants commencent vraiment à en avoir marre, ils veulent rentrer chez eux et ne tiennent plus du tout à aller voir leurs grands parents qui tout à l’heure, à l’évocation de ce moment à passer chez eux, leur était si chers…
-          Ils habitent trop loin nos grands parents, finissent-ils par lâcher !
Alors maman doit trouver très rapidement une idée pour calmer ses chérubins, surtout que papa commence à s’énerver et menace de s’arrêter distribuer quelques fessées pour faire taire ces râleurs en herbe…
Et d’un coup, maman se met à chanter, elle entonne la chanson qui fait rire, celle que les enfants adorent, et ne ménageant pas son ardeur à chanter fort elle commence :
Les éléphants vont à la foire
Mais que vont-ils y voir ?
Un gai babouin
Qui dans l’air du matin
Peignait ses cheveux de lin.
Le singe tomba du banc
Sur la trompe de l’éléphant
L’éléphant fit atchoum
Et se mit à genoux
Mais qu’advint-il du singe ????
Et les enfants en cœur, se mettent à reprendre en canon cette chanson en criant à tue tête :
-          du singe, du singe, du singe, du singe, du singe…
 Sans s’arrêter pendant que maman recommence le refrain…
-          Les éléphants vont à la foire….. Mais que vont-ils y voir….
Et du coup l’habitacle de la voiture devient un lieu de concert non stop, avec trois petits bouts qui oublient que leur ventre gargouille, que la route est longue, que les grands parents habitent loin et chantent de tout leur cœur….
-          Du singe, du singe, du singe, du singe….
Papa ne dit rien, il soupir un peu, espérant que ce capharnaüm va s’arrêter enfin, mais il connait bien sa femme pour savoir qu’elle en a d’autres dans sa besace… d’ailleurs la voilà qui entame :
-          Un éléphant se balançait sur une assiette de faïence,
 Comme ce jeu l’amusait, avec un autre il recommence…
Et les enfants de reprendre alors :
-          deux éléphants se balançaient sur une assiette de faïence…
 Comme ce jeu les amusait avec un autre ils recommencent…
L’ambiance est à la joie, à la chanson, à celui qui chantera le plus fort… papa se concentre sur la conduite, il a un peu ralentit l’allure… il regrette fortement de ne pas être sourd aujourd’hui … il envoie quelques grimaces  crispés à maman, qui elle lui renvoie des sourires  francs et se prend au jeu des chansons…
-          Une autre maman, crient les enfants…  pas de problème, elle en connait plein…
-          Un éléphant se balançait sur une toile… toile…toile… d’araignée…
Et sur chaque chanson rebondit la suivante … en parlant d’araignée, maman continue en chantant celle tant aimée des petites têtes blondes…
-          Le pape est mort…
Un autre pape est appelé à régner…
Araignée ? Quel drôle de nom,
Pourquoi pas libellule ou papillon,
Ce serait plus mignon…
Les enfants s’éclatent et maman aussi… toutes les chansons de son enfance lui revient en trombe
-          En voilà encore une, lance-t-elle joyeusement
Ah l’escargot…
Quelle drôle de p’tite bête…
C’est rigolo ce qu’il a sur sa tête…
J’ai vu, j’ai vu
Le p’tit trou son derrière
J’ai vu, j’ai vu
Le p’tit trou de son … OOOOOOOOOOhhhhhhh
Les enfants sont hilares et du coup le temps passe à toutes vitesses…
Seul papa connait un vrai moment de solitude et maudit ses parents d’habiter si loin ! 

samedi 13 avril 2013

Le Deal des chats


Dans le fin fond de la nuit des temps, le cinquième jour,  Dieu dit : que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce… Dieu vit que cela était bon… puis au moment de créer l’homme, il remarqua que de tous les animaux qu’il venait de faire, aucun ne pourrait égaler sa prochaine création, alors il remodela un dernier petit mammifère, qu’il appela « chat » et le mit sur terre. Il lui donna plein de qualités et de défauts afin qu’il se rapproche le plus possible de ce qu’il voulait engendrer ensuite… Ainsi, il fit le chat intelligent,  habile, fier, indépendant mais aussi rusé, têtu et refusant l’autorité et la discipline. Il le regarda alors et vit que c’était bien, pourtant, il lui manquait encore quelques petites retouches avant de passer à la création suprême de l’être humain. Dieu lui donna alors la parole, pensant qu’ainsi il pourrait un peu plus se rapprocher de l’homme et devenir son meilleur ami. Puis il reprit de la glaise et façonna l’homme et la femme à son image, il les bénit et leur dit : soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et dominez sur tous les animaux que je viens de créer sauf sur le chat. Et cela fut ainsi, Dieu vit tout ce qu’il avait fait et que ceci était très bon… Ainsi il y eut un soir et il y eut un  matin…
Dieu avant de se reposer, demanda aux hommes de vivre le jour et de dormir la nuit et proposa l’inverse aux chats afin de partager équitablement l’univers…tout aurait bien pu se passer si les premiers n’avaient pas eu envie de se servir de la nuit à leur profit et de prendre le pas sur les derniers… Et c’est alors que les ennuis commencèrent pour ces deux créations qui voulurent profiter tous les deux des bienfaits de la terre au même moment !
Les hommes se mirent à chasser les chats qui ne se privaient pas de leur faire mille misères… Ce fut la première guerre du monde, les hommes tuèrent bon nombre de chats, les chats attaquèrent régulièrement les hommes  et Dieu fut bien triste de voir que ses créatures n’arrivaient pas à s’entendre.
 Un chat plus intelligent que les autres, vint voir le créateur et lui demanda de revoir sa copie.
-  Dieu, je te propose un marché : dis à l’homme que tu nous retires  la parole, et plus un chat ne prononcera un mot devant les hommes… Nous deviendrons du coup  des êtres adorables et dociles, vivrons dans les maisons des hommes et finirons par nous entendre, en échange, demande à l’homme de nous procurer gîte et nourriture à vie et ainsi ce problème là sera réglé. Dieu accepta le deal, il expliqua aux hommes que si les chats ne parlaient plus en échange il fallait les aimer, les dorloter et les protéger comme le plus câlin de tous les animaux et qu’il n’y avait plus lieu de les chasser. Les hommes, ne craignant plus qu’on leur prenne leur place, adoptèrent tous les chats comme animaux domestiques privilégiés et les placèrent aux meilleures places de leur foyer. C’est ainsi que les chats s’installèrent l’hiver, bien au chaud dans les maisons, devant l’âtre des cheminées, l’été, allongés de toute leur longueur, dans le meilleur coin du jardin entre mi ombre et soleil et qu’ils ronronnèrent de bonheur avec ce petit sourire en coin  et ce petit œil coquin qui se ferme et s’ouvre pendant leur sommeil comme un clin d’œil à Dieu …
Depuis les chats ne prennent plus la parole devant les humains, mais se délectent de grands rassemblement entre eux la nuit, lorsque tous les chats sont gris. Ils ne se privent pas de se moquer de ces animaux à deux pattes qui parlent et qui, depuis la fin de la guerre des chats, font preuve d’une grande imagination pour s’entre-tuer entre eux…
Ah si les chats pouvaient leur parler sans risque…                                  
Et tous ces humains qui donneraient bien leur langue au chat pour connaitre le secret de la sérénité constante de ces chères bêtes à poil!
Quand à Dieu dans l’histoire, il en a perdu son latin… 

mardi 9 avril 2013

Jusque dans ta valise


Je voudrais me profiler dans ta valise, m'y glisser sans que tu ne le saches, m'y lover et y rester le temps de ton voyage, je voudrais y trouver ma place, m’y installer confortablement  et ne plus jamais la quitter. Me sentir ballotter par les roulettes que tu tirerais, rigoler en cachette de la tête que tu ferais si tu savais…  Attendre patiemment que tu l'ouvres à l'arrivée, que tu enlèves un par un les objets de ton quotidien, que tu me frôles en passant un tout petit peu de tes mains, que tu glisses tes doigts pour vérifier dans le fond, qu'il ne reste plus rien et que tu refermes cette malle pour la remettre en place dans le placard de ta chambre où j'attendrais alors impatiemment ton prochain déplacement.
Cacher dans les replis d'une bien jolie valise, j’écouterais les bruits du fond de ta penderie et imaginerais ta vie de l'autre côté de la cloison. Je resterais ainsi jusqu'à ta prochaine expédition, lorsque pressé, tu jetterais sur le lit le sac de voyage que tu voudrais remplir sans te rendre compte qu'il contient déjà tout ce dont tu as besoin... Et alors je bondirais tel un diablotin sortant de sa boite, te sauterais au cou sans te laisser le temps de reprendre tes esprits, t'embrasserais de partout, danserais dans ta chambre, crierais tout mon amour et tu serais surpris par tout ce discours…Tu me prendrais la main, me poserais sur ton lit, n’oserais plus rien dire, m’embrasserais ainsi en me promettant qu’à l’avenir, tu m’emporterais dans tes délires. Alors dans un soupir, je dirais merci à la vie et m’endormirais dans tes bras persuadée que le souvenir de ce moment restera comme le plus grand !
Mais le rêve tourne au cauchemar,  le temps n'est plus à l’amour, je te vois déjà froncer les sourcils, t’inquiéter de me voir ici, fermer la porte de ton dressing, me réinstaller dans cette valise, rajouter dessus tes chemises, t’asseoir dessus en tirant sur la fermeture éclair, forcer sur le tout pour que tout cela rentre dans cet espace où soudain je manque d'air, où soudain, je m'évapore, où soudain…
 Je me réveille…
Et là, ouf ! Je suis dans tes bras, la valise n’existe plus, il y a belle lurette que tu m’as emporté dans tes bagages et depuis j’essaie de rester sage pour ne pas finir en mirage !

mercredi 3 avril 2013

C'est simple...


Voilà c’est simple, il suffit de trouver la clé dans le bocal… celui que tu vois à travers la cloison, il ne reste qu’à passer sans problème le labyrinthe et monter la montagne du côté latérale puis revenir à droite et tourner sur le  côté, passer la main au loin juste dans la travée… et ouvrir un système dès que tu auras trouver le code pour faire pivoter le mécanisme qui donnera l’ouverture dans le mur devant toi… tu vois c’est très facile, avance encore un peu de 100 ou 1000  kilomètres et approche de cette fenêtre où tu vois  à travers le bocal qui renferme la clé à l’intérieur, celle qui pourra certainement ouvrir le cœur de ce cerveau qui mélange si bien tout ce qui entre dedans sans y être invité tout ce qui se prend à être une pensée… et forme ce méli-mélo de phrases de mots de sons à composer sans y faire attention. !
Tu vois c’est simple et c’est comme ça qu’il faut faire… se hisser sur la pointe des pieds ou de l’hémisphère et porter dans son cœur, ou faire le plein des poches tous ces jolis mystères qui parfois nous déroutent, qui souvent nous envoûtent, et fait que nos tourments ressemblent à des géants qui nous marchent dessus tous les jours un peu plus… voilà, ainsi c’est possible de gagner de l’avant en retrouvant la clé cachée dans le bocal, si tu peux l’attraper alors tout redevient normal et c’est de l’autre côté que passe l’amiral… l’amiral de ce bateau qui nous conduit à ce bocal… l’ami qui râle sous son chapeau parce que tu as lâché la barre, et celui qui trouves que tu as du culot de te croire le Graal
 alors que tu ne cesses de chercher un bocal…. Avec une clé dedans qui t’ouvrira enfin le cerveau des géants qui te mangent sans fin… sans faim et sans répit ils veulent à tout prix trouver avant toi la clé du paradis…. Et tous ces mots, toutes ces phrases et ces sons ne seront plus que chanson dans ce nouveau pays qu’un jour tu vas trouver de l’autre côté du lit où tu t’endors serein, persuadé que demain tu mettras enfin la main sur cette maudite clé qui ouvre une à une les portes de la vie…
Tu vois c’est simple comme bonjour et tu sauras enfin ce que veut dire toujours….

lundi 1 avril 2013

Le toit de notre Amour !



Et oui, je t’aime, c’est dingue non ? C’est fou de t’aimer encore et encore, j’ai envie de le crier sur les toits, mais le notre est bien trop haut, je n’arrive pas à monter, pourtant j’essaie, le mieux serait peut-être que je passe par la cheminée…
Je m’accroche aux parois, les deux pieds fermement cramponnés sur les briques,  je me hisse de toutes mes forces, les doigts déchirés par les aspérités des murs intérieurs de ce foyer…je m’aide de tout mon corps pour grimper encore plus haut, le ciel me nargue de sa hauteur mais je monte encore et encore, je ne vois toujours pas le bout de cet âtre, le firmament se rapproche pourtant, il ne doit pas être si loin, le toit de notre amour, est-il vraiment  si grand notre Amour, qu’il soit impossible d’en atteindre le toit ?
Et pourtant je monte, je monte toujours, j’ai un peu peur, je n’ose  pas regarder en bas, la tête me tourne, il commence à faire froid dans cette tour infernale, je me sens comme un ramoneur ramoné, comme un sonneur sonné, et je suis la suie qui m’enduit de sa noirceur, mes narines s’en emplissent, je ris d’avance d’imaginer la nouvelle couleur de ma peau et mes yeux tout blancs dans ce visage sale.
 J’arrive enfin au sommet de ce donjon et je manœuvre de mes bras pour me hausser sur le rebord… ouf, je reprends mon souffle, respire l’air de la nuit
qui n’est plus très loin, je vois un bout de lune qui pointe à l’horizon, le soleil, lui, remonte son grand drap noir sur son sommeil, ça y est, je crois qu’il dort presque, il fait tout noir, cette fois, du coup j’ai vraiment peur.
 Je n’ose plus bouger, en bas il y a de toutes petites lumières qui bougent comme des feu-follet, au-dessus de moi, je ne vois rien, je ne suis plus rien dans cette immensité obscure. Je suis seule, je me noie dans une eau froide, je suis dans la mer morte, je désespère de redescendre un jour, pourtant je ne faisais rien de mal, je cherchais juste le toit de notre amour, mais il est si grand notre Amour, que nul ne peut en faire le tour…
Et merveille, j’ai vu loin dans la nuit, sur le toit d’à côté, sortant d’une cheminée,  une silhouette se hisser, des yeux  me regarder, une bouche me parler, un cri appeler mon prénom, un profil avancer doucement, prudemment, d’un toit à l’autre, d’une tuile à l’autre, une main se tendre vers la mienne, puis la happer rapidement.  J’ai alors senti sa chaleur se répandre dans tout mon corps, ce corps engourdi de peur, engourdi de froid et de pleurs, ce corps qui reprenait vie, et j’ai alors reconnu la douceur de ta peau, la chaleur de ta main, la lueur de ton regard, la forme de ta bouche,  tu avais toi aussi suivit un conduit de cheminée qui t’avait conduit tout droit  sur le toit de notre amour.
Nous nous sommes regardés enfin, nous étions les mêmes mais en négatif, nos deux visages couleur ébène se dévisageaient et lorsque tu m’as souri, tes petites dents blanches sont devenues mille étoiles scintillantes… mon fou-rire a remplacé ma peur, nos deux mains se sont liées plus fort et sur le toit de notre amour, assis sur l’encadrement de cette cavité que je venais d’escalader, j’ai su que c’était avec toi, pour la vie… que je voulais cheminer !