mardi 16 décembre 2014

TOUJOURS

Prudence est au ralenti,
Prudence est dans sa folie,
Prudence ne se pose plus
Prudence ne se met plus à nu,
Prudence fuit devant l’arrêt
Prudence refuse de penser
Prudence se dit que ça ne valait
Pas la peine d’y arriver !
Prudence hiberne cet hiver
Prudence doucement disparait.
Prudence ne veut plus réfléchir
Prudence a presque envie de partir…
Mais prudence sait que le printemps
Ramènera son beau sourire,
Prudence sait que l’apparence
Ne dure que le temps d’un soupir…
Et ce soupir intense, intense
Prudence le lance sans impatience
Ses bases partis, ses bases détruites
Prudence doit tout vite reconstruire…
Prudence n’a pas besoin d’argent
Prudence a juste besoin de temps
Pour réapprendre une autre danse,
Une chorégraphie à cent ans
Qui l’emmène loin dedans
Les émotions de son enfance…
Prudence n’a plus de parents
Ils sont partis si loin, si loin
Prudence pourtant sent leur présence
Ils ne sont pas loin, vraiment pas loin…
Prudence ne fait plus de différence
Entre la distance de leur amour

Prudence croit tout simplement à Toujours !

samedi 25 octobre 2014

Comme chien et chat

C’est le p’tit bout de la queue du chat qui nous électrise
C’est le p’tit bout de la queue du chat qui passait par là…
Du coup j’ai arrêté ce sacré chat dans sa course
Pour lui demander of course
Ce qu’il pensait des humains
Lorsqu’il en croisait sur son chemin…

Des humains j’en vois plein
Des bons, des gros, des biens
Mais surtout des inhumains…
Des hommes j’en croise aussi
Des doux, des beaux et des gentils
Mais surtout des sous-hommes
Qui croient qu’ils sont des surhommes…. 

Ce chat passe alors son chemin
Traverse la rue un peu plus loin,
Miaulant qu’il n’y avait pas plus malin
Qu’un chat vivant son destin…

C’est le p’tit bout de la queue du chat qui nous électrise
C’est le p’tit bout de la queue du chat qui passait par là…
J’en ai vu un autre  passer dans le coin,
 Et je l’ai interpellé soudain
Pour l’interroger sur les terriens
Qu’il connaissait vraiment très bien….

Des terriens, j’en vois plein,
Des roses, des pâles et des malins
Mais ce je crains le plus et bien…
Il habite tout près d’ici c’est certain !
Ce que je crains le plus enfin
C’est la voisine, mais c’est  surtout son chien…
Des chiens, j’en vois plein
Des gros, des lourds, des pas très malins
Mais ce chien là,
c’est certain
Me fait courir comme un lapin

C’est le p’tit bout de la queue du chat qui nous électrise
C’est le p’tit bout la queue du chat qui passait par là…
J’en ai vu encore un
Je lui ai dit viens
Il m’a pris la main
Et m’a dit câlin
Nous c’est sur, c’est certain
Nous deux c’est pas pour rien..
On s’entend mieux
Qu’un chat avec un chien….

Depuis ce p’tit bout de la queue de mon chat
M’électrise quand il passe par chez moi…

Et voilà…

jeudi 16 octobre 2014

Une porte qui vole amasse des bosses (suite)


Suite du dernier épisode... si vous en étiez restés sur deux cervicales fissurées et des douleurs pénibles après la réception sournoise d'une porte sur la nuque... et bien après vérification au scanner dernièrement, nous sommes au regret de vous dire qu'il n'y a pas vraiment d'amélioration, et qu'il faut bien plus de temps pour que tout ça se remette... donc encore 5 semaines de repos au moins, avec trajet voiture au minimum et patience au maximum... du coup, pas de petite escapade à Port Camargue avec votre copine Emma comme prévu, pas de petit voyage sur Madrid avec votre petit mari comme souhaité... juste une belle maison, de la peinture à gogo pour meubler l'ennui, du travail photo et surtout ne pas retrouver vos 35 petits diables de l'école de St Marcel qui pourraient vous monter dessus et vous démonter un peu plus vos vertèbres... voilà, j'espère que vous n'êtes pas trop déçue de ce verdict mais seul le temps et la patience pourront de nouveau vous permettre de vous reconstruire... alors surtout ne pas prendre de risque !
Bon, pour vous redonner le sourire, vous pourrez enlever cette minerve qui vous énerve tant, de temps en temps, c'est à dire la nuit... mais promettez de ne pas bouger dans votre sommeil (facile) et le jour à la maison, lorsque vous aurez décidé de vous tenir tranquille. Bonne lecture, bonne sieste...heu marre de dormir,bonne journée remplie de visites de copines (bon elles ont d'autres choses à faire...),Bonne peinture, comme ces petites marguerites qui illustre nos propos,  bonne saison d'automne à regarder les feuilles descendre tranquillement des arbres pour venir se faire marcher dessus dans la cour, bon thé à 16 h devant le spectacle des écureuils du jardin qui se dépêchent de faire leur réserve et volent les amandes avant vous. Bonne reconstruction de vos vertèbres qu'il faut surtout ne pas bousculer et leur laisser le temps de refermer la plaie... et surtout bonne méditation sur la vie que vous avez eu la chance de garder et ça, ça n'a pas de prix... alors Merci la vie et  prochain scanner le 19 novembre pour la suite du feuilleton :
"Une porte qui vole amasse des bosses..."

dimanche 12 octobre 2014

Une lettre retrouvée

Une lettre inquiétante retrouvée dans les sous bois du parc du château. Posée à terre et retenue par un caillou à chaque angle du morceau de papier, Jules, le jardinier ne savait que penser des quelques lignes qu’il avait lues et relues sur ce parchemin…
« J’oublierai toutes tes calomnies si tu passes le reste de ta vie à me demander pardon »…
Se grattant le menton, Jules, amoureux de la nature depuis toujours et jardinier du jardin des fleurs, se demanda bien ce qu’avait voulu dire l’auteur de ces quelques mots. Se baissant une nouvelle fois, il relut  jusqu’à apprendre par cœur cette énigme et regardant dans toutes les directions pour être certain  de ne pas être épié, il ramassa cette feuille déjà ternie par la le temps et la pliant en quatre, il la glissa dans sa poche.
Depuis cet instant ce billet devint la source de tous ces soucis… Qui avait bien pu écrire cette missive et l’abandonner sciemment sous quatre gros cailloux pour être bien certain qu’il la trouverait et essayerai d'en comprendre le sens. De quelles calomnies parlait ce bout de papier ? A qui demander ce pardon qui ferait oublier ces horreurs ? Jules commençait à prendre le message très au sérieux et petit à petit il trouvait dans sa vie passée toutes les raisons qui auraient pu mener quelqu’un à lui écrire ces quelques mots. Il n’en dormit plus de la nuit, n’osant en parler à Ernestine qui sans doute, se  serait moquer de lui, il ressassa ces lignes encore et encore  et se mit à languir de trouver un autre message pouvant donner une explication à toutes les questions qui venaient obstruer sa raison. Il revit en pensée toutes les méchancetés qu’il avait pu dire, s’en inventa même parfois comme pour se persuader que ce texte lui était dédié. Il ne parlait plus à personne, devenait taciturne et même son travail commençait à lui peser. Ces belles fleurs n’avaient plus le même éclat à ses yeux, rien ne le détournait de ses questionnements et il finit par en tomber presque malade.
Quelques temps plus tard, alors qu’il traînait la savate et ne trouvait plus goût à rien, Ernestine vint le trouver :
 -  que se passe t-il Jules ? Tu ne manges presque plus, tu es triste depuis quelques temps, tu ne siffles plus quand tu travailles et je te trouve mauvaise mine…
Jules, assis sur le banc du jardin, les yeux dans le vague, sortit lentement le bout de papier de sa poche, et le tendit à son amie… Ernestine parcouru le texte des yeux, regarda de façon perplexe son Jules, se demandant quel rapport il y avait entre son état et ce papier chiffonné dont les phrases à peine lisibles la laissaient indifférente.
                -  Tu ne vas pas me dire que tu te rends malade pour ce bout de papier ?
                -  Mais tu ne comprends pas que j’ai fait du mal à quelqu’un et que je ne sais même pas à qui je dois demander pardon… ? S’écria alors Jules…
-  Mais mon Jules, tu as pris cette phrase pour toi ? Tu en as fait une affaire personnelle ? Pourquoi ? Qu’as-tu à te reprocher qui mérite que tu te maltraites ainsi ? Ce papier est tombé du livre de Monsieur le jeune comte, celui qui fait du théâtre et qui apprenait son texte dans le jardin l’autre jour… c’est une de ses répliques, je me souviens l’avoir entendu la déclamer sur tous les tons. Il l’avait même coincé sur le sol avec quelques cailloux et faisait les cents pas en la récitant  à tous les vents tout en tournant autour pour vérifier qu’il n’oubliait aucun mot.
Incrédule, Jules se releva, surpris, étonné, et se grattant la tête, il reprit
-  Tu es certaine de ce que tu dis Ernestine ? Parce que… je…. Enfin, j’ai cru que….
-  Mais qu’as-tu pu croire, mon pauvre Jules ? Tu n’as jamais fait de mal à une mouche… allons mon bon, remets toi et prends en compte cette expérience : quoi qu’il arrive, n’en fais jamais une affaire personnelle… deuxième accord toltèque dont tu as bien besoin que je te passe le livre…. Allez viens, je vais te parler des autres accords et tu vas voir comme ta vie va changer et s’embellir… et sur un doux sourire, elle emmena Jules boire un bon café qui redonnerait sans nulle doute des couleurs à son visage pâle. Voilà l’occasion de lui parler de ce Don Miguel Ruiz dont depuis plusieurs années, elle essayait d’appliquer ses théories.

samedi 27 septembre 2014

Porte qui vole amasse des bosses...

Être handicapée a au moins un avantage, particulièrement quand il fait beau, que le soleil brille au bord d'une piscine chaude et que la musique est douce à côté de moi : repos obligé et du coup apprécié…
N'empêche que pour le coup la fontaine de jouvence m’aurait bien rendu service. J’aurai bien besoin de son pouvoir,  pas beaucoup,  pas de quoi redevenir jeune et  belle,  ça, ce sera pour plus tard…  Non juste quelques gouttes afin de perdre, non pas quelques kilos mais quelques jours et revenir en arrière de deux ou trois pour éviter ce moment où je suis allée chercher ces foutues chaises au garage.
Des chaises qui n'ont même pas servi en plus, ou du moins juste à me faire tomber une porte sur la tête. Et oui, parfois les éléments sont contre vous et même les portes s'en mêlent. Ce n'est pourtant pas courant de recevoir un chambranle derrière la tête quand on vient innocemment chercher quelques fauteuils de jardin.
Cette porte ? cela doit bien faire plusieurs années qu'elle repose là contre l'encadrement sans n'avoir jamais menacé personne  et j’arrive pleine d'entrain, voulant aider à  l'installation de la fête de ce soir et la voilà qui se rebiffe de ne pas avoir été posée comme ses consœurs avec tout l’art du meilleur bricoleur.
Alors, lorsque je la pousse un peu de l'intérieur parce qu'il m'est impossible de passer avec mes trois chaises dans les bras, la voilà qui sort de ses gonds et profite de mon dos tourné pour me tomber dessus ! Je ne l'ai même pas entendu ricaner derrière dans mon dos avant de s’abattre sur le bas de mon crâne de toute sa hauteur.
C'est à genoux pourtant que je me retrouve, un gros bleu le prouve encore sur mon ménisque  droit. Mais que dire de la bosse qui pointe depuis au dessus de ma nuque ?  Un peu sonnée mais pas assez pour m'achever,  je me relève,  je vais tout de suite plaisanter de ma déconvenue : dis donc j'ai bien failli mourir !
Une radio et un scanner plus tard, je me retrouve coincée dans ce carcan de minerve qui fait rien qu’à m’énerver… vivement que le temps fasse son travail, parce que moi, du coup, je ne peux plus faire le mien pour quelques semaines…
Alors ces quelques gouttes de l’abbé soury, m’aurait peut-être permis de trouver une autre occupation que d'aller chercher des chaises dans ce foutu garage ! 
Et je serais de nouveau la B qui sourit… pour vous.


vendredi 18 juillet 2014

Week-end en famille


Près de 40 personnes depuis deux jours dans la maison... wahou ça décoiffe... les touts petits petits avec leur biberon, leur sieste et leurs cris, les plus petits avec les repas, les mamans qui gèrent ou ne gèrent pas, les petits qui courent partout, montent, descendent, vont chercher à l'étage ce que les parents ont oubliés, redescendent avec autre chose obligeant le père à monter, après que la mère se soit débattue  pour le lui faire comprendre... les moins petits qui veulent dormir sous la tente et doivent convaincre leurs parents, les presque grands qui veulent faire une cabane... AH, la cabane, moment de joie, et de partage avec les tontons qui trouvent les bons morceaux de bois, les bonnes branches, le bon coin. Le vieux canis qui pourrit dans un coin devient les murs de la future maison, trois arbres tiendront les traverses et voilà un toit presque étanche pour les petits bûcherons du jour. Il est trop fort ce tonton, crie Mathieu... il faut dire que ça fait dix fois depuis ce matin qu'il le tire par la main en le priant de tenir la promesse faite " c'est quand qu'on fait la cabane tonton ?". Alors tout fier, ces petits grands emmènent les mamans visiter et toutes de s'extasier sur cette belle réalisation.
Et puis c’est l’heure de l’apéro… ouf, on va pouvoir se poser, se raconter, se souvenir et prendre des fous rires lorsqu’un de mes frères nous sort la blague du jour. Un repas qui dure où l’on goûte ce que chacun à apporter, et un dessert au chocolat que l’on se dispute pour en avoir deux fois. Pendant ce temps, je joue la petite main, dans mon coin, à chaque passage par la cuisine, je range ceci, je lave cela, je passe l’éponge, puis ferme les yeux sur le fatras posé là et retourne m’asseoir pour reprendre au vol la conversation du moment. Les enfants profitent de ce moment de liberté pour jouer sur le tapis déroulé dans la cour, font du toboggan, se disputent les Barbies et râlent quand la sieste s’approche un peu trop. Enfin un peu de temps libre pour les mamans, les petits dorment, les plus grands se baignent sous le regard attentif des jeunes qui laissent ainsi aux parents un moment de répit. Petit tournois de ping-pong, je perds avec le sourire. Jeux de boule dans la cour, il faut faire attention de ne pas mélanger les enfants et les projectiles… et le projet de partir faire un tour au salon de la lavande sur les allées de la ville s’organise. Stop, la pluie nous arrête, seuls les garçons et les papas accompagnés de mon homme s’en vont visiter le musée de l’aviation du village d’à côté. Quelques jeux calmes débutent autour de la table, sous le haut vent, pendant que les coloriages s’étalent de plus en plus sous les crayons des plus jeunes dans la salle à manger. Heureusement la pluie ne dure pas trop, n’est pas trop forte et l’on peut de nouveau le soir profiter de la cour pour une dernière partie de boules. Une plus grande nous fait des cookies sous l’œil gourmand de ses cousines et tous se régalent de ces petits gâteaux au chocolat qui sortent tout juste du four. Impossible de les thésauriser, à peine sortis ils sont mangés.
Et le week-end se termine dans la joie, la bonne humeur. On se promet des SMS dès l’arrivée. Les derniers, ceux qui traînent un peu et n’arrivent pas à se décider à remonter dans leur chaude voiture pour deux heures trente de trajet,  partagent avec nous les restes des victuailles apportées par tous. Demain, on reprend le travail… le sourire aux lèvres avec une pensée pour maman qui était près de nous, accrochée à son nuage tout au long de ces trois jours.


vendredi 13 juin 2014

Petite Rose

Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a percé la pierre de l'hiver
Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges
Une rose a percé la pierre de la neige
Une Rose a éclot un matin, en hiver
Un sourire a traversé le blanc de la neige,
Chantez dans les champs, chassez les sortilèges
Une Rose est tombée dans les bras de sa mère.
Un ange accompagne cette petite boule de chair
Son ange la regarde atterrir sur la terre
Il marque ses lèvres d’un « chut »nécessaire
Pour que la petite Rose oublie tout le manège
De ses vies antérieures des derniers millénaires.
Une Rose a percé la pierre de la neige
Un bonheur a traversé une nouvelle grand-mère
Une Rose, un bébé, une larme au matin
Mes yeux noyés d’amour ont réchauffé la neige
Et notre Rose qui déjà, nous donne sa petite main….
A ma première petite fille prénommée Rose
 De sa Moona


mercredi 14 mai 2014

La marque de l'Ange

Savez-vous ce qui se passe à la naissance d’un petit être ? Quand la vie entre en lui par les poumons et qu’il pousse son cri de tout son être pour se sentir vibrer et entrer dans la danse…. Savez-vous que le nouveau-né a une mémoire d’éléphant et lorsqu’il prend son élan pour plonger dans le vide, il sait d’où il vient, ce qu’il était, ce qu’il vivait dans les étoiles, ce que les anges lui ont chuchoté. Il sait les milliers de vies qu’il a dû traverser pour entrer dans celle-ci, il se rappelle toutes les personnes qu’il a rencontrées, il sait toutes les pensées qui  l’ont traversées quand il était dans les étoiles, quand il volait avec les papillons, quand il regardait en bas se débattre ces tous petits êtres qu’on appelle les humains. Il a acquis la sagesse de milliers d’années d’expérience, il a absorbé toutes les idées qu’il a croisées, il n’a rien oublié des plaisirs et des souffrances de ces vies antérieures, il a assimilé les douleurs et les bonheurs comme d’infinies connaissances et lorsqu’il pousse son cri dans le froid d’un hôpital, il clame à son entourage sa peur de l’inconnu par rapport à tout ce qu’il a déjà vécu et ce qui l’attend ici-bas… il sait tout ça le temps d’une seconde, le temps d’un sourire, le temps d’un baiser de maman, le temps de se frotter au corps chaud qui le cajole… et lorsque le cri se calme, qu’il prend connaissance de ses parents, de ce lieux où il vient d’atterrir, l’ange qui l’accompagnera toute sa vie, celui qui sera son ange gardien est là, il le regarde, le rassure, lui sourit, lui dit qu’il est arrivé à bon port, qu’il va pouvoir oublier et vivre… se penche sur lui et d’un geste tendre, il lui effleure les lèvres d’un  doigt. Juste  à la base du nez, près de la lèvre supérieure, et descend son index en disant tout doucement à l’enfant : « chut » .
Alors l’enfant oubli tout et s’endort tranquillement dans les bras de maman. Voilà pourquoi, un petit sillon se forme entre le nez et la bouche de chacun, pour nous rappeler qu’un jour, on savait et qu’un ange nous a tout désapprit. Tout cela  pour sauter dans la vie prêt à vivre notre mission sur terre et à engranger les souvenirs !

mercredi 7 mai 2014

Un anniversaire de plus

Du soleil plus qu’il n’en faut dans mon cœur et dans mes yeux, ce dimanche fut si beau… Arrivés vers midi, les enfants ont envahis l’espace en un rien de temps. La table qui se met rapidement, encore une fois dedans, le vent est trop froid pour manger à l’extérieur, les petites qui se ruent vers le bac à sable, les jouets qu’il faut enjamber, les gestes tendres, les moments de câlins qui manquent tant et qu’on rattrape vite en passant… un apéro qui se prépare, au soleil, on devrait être bien autour de notre nouvelle table, des apartés que je ne dois pas entendre, des crayons et une carte qui circulent, chacun essayant de rester discret, et moi de sourire… je n’ai rien vu, rassurez vous. Et les verres qui se lèvent, qui trinquent les uns avec les autres, le pinot des Charente qui enchante, le coca qui coule pour les enfants, et pour certains grands. Puis le ton est donné : c’est mon anniversaire, un paquet se tend, je l’attrape gênée, je murmure merci, j’ouvre en premier cette enveloppe bien cachetée que faisaient circuler les cachottiers
… des petits mots qui donnent des étoiles dans les yeux, des douces phrases que je relirais ce soir, pour les savourer tranquillement. Un bon pour un resto en tête à tête avec mon fils… hum, j’en rêvais, il l’a fait ! Un papier bien accroché que je finis par déchirer, tous les regards tournés vers moi, je m’active à sortir le cadeau du jour : une blouse de peintre pour mon atelier de peinture au couteau que je viens de mettre en place dans la pièce rien qu’à moi. Une belle blouse toute noire qui recevra bientôt toutes les couleurs de l’arc en ciel. Et des sourires encore, des exclamations quand je l’essaie, elle me va comme un gant, on dirait un professeur de Poudlard. Y’a plus qu’à s’y mettre et les toiles n’ont qu’à bien se tenir, je serai pour leur blancheur leur meilleur souvenir. Mon amour me glisse quelques nouveaux paquets, je le gronde pour la forme, j’avais déjà orchestré mon cadeau en allant sur Lyon d’où j’ai ramené de quoi peindre pour plusieurs années… Et dans chaque paquet un livre de mes auteurs qui n’oublient jamais de sortir leur Best-seller au mois de mai, juste pour mon anniversaire… Je finis par croire qu’ils le font exprès et ne veulent pas manquer le passage de mes années…Le tour pour embrasser tout mon petit monde, Il manque ma dernière fille, elle est encore en Ecosse, elle recevra mes bisous plus tard. La journée se poursuit, il est temps de passer à table, il faut courir après les petites, les servir en premier, et passer au plat de résistance que j’ai préparé. La chanson s’envole, Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Maman, Moona, B, joyeux anniversaire ! Et le super gâteau avec des bougies pour toute une vie… un, deux, trois, mais c’est que j’ai encore du souffle moi… ouf ! On boira le café dehors, le soleil chauffe de plus en plus, même si le vent nous chante sa chanson encore un peu trop fort… quelques galipettes dans le jardin, on visite le chalet de campagne que nous venons de nous offrir près du potager. Papou vient de terminer de le monter, il y était encore hier, il ne reste plus qu’à le peindre… mais non, je ne mettrais pas ma belle blouse pour ce genre de travail. Quatre petites poupées qui cueillent les fleurs du jardin, enfin, celles autorisées, pour les offrir à Moona d’un beau sourire, d’une jolie phrase, et d’un baiser qui claque sur la joue de ces coquines. Des photos à gogo pour immortaliser tout ça, notre album 2014 s’enrichit de souvenirs. Un anniversaire de « tuit ans » parce qu’il est bon de se dire que c’est formidable d’être arrivée jusque là en bonne santé et si bien entourée…

Que de bonheur en bâton à savourer toute une journée, puis une soirée, puis une année par le souvenir de ces moments riches de plaisir et d’amour. Merci mes chéris de m’aimer ainsi. 

lundi 5 mai 2014

Musique Maestro

Musique Maestro…
S’envoler sur une partition
Comme j’aimerai connaître la chanson
Qui permets de s’évader de prison
Et d’échapper aux tourbillons…
Une note, deux notes, trois notes
Et je m’envole, je me dérobe
Je prends le large, je suis la côte
Je ne rentrerai pas à l’aube …
Ecole buissonnière
Serais-je la première
A voler ainsi le temps
De juste quelques instants
D’arrêts sur le piano
D’écouter jouer le beau
De sauter dans l’abîme
Sans avoir le vertige
De monter à la cime
Aller jusqu’à la tige
D’une escapade d’un soir
D’une balade dans le noir
Et ne jamais vouloir
Repartir, revenir
Sans même vraiment savoir
Où je vais pour m’enfuir…
Alors : Musique Maestro !




lundi 14 avril 2014

Écrivains dans un bocal, chapitre 4

Chapitre 4
Lieu : une cave
Action : l’héroïne doit entendre  ou voir quelque chose qu’elle n’aurait pas du
Contraintes d’écriture : elle doit évoquer un sujet d’actualité de la semaine en cours
Fin
L’incident du mariage n’est plus qu’un souvenir qui fait sourire et plaisanter Caroline et François  chaque fois qu’ils mentionnent ce moment. Il faut dire que depuis ce samedi soir, leur relation a pas mal évoluée, Ils se vouvoient toujours, mais rapprochent un peu les distances de subordonnée à patron par des remarques joyeuses et des fou-rires mémorables. Par contre Romuald est de plus en plus distant avec elle, il ne cache pas sa hargne de les voir complices et ne manque pas de faire des reproches de plus en plus souvent à Caroline. Rien ne va jamais pour lui. Heureusement depuis ce matin, elle a signé son contrat définitif et n’est plus en observation par ses deux patrons, mais bien embauchée en CDI et en « bonnet haute forme » comme s’amuse à lui rappeler François sur le ton de l’humour. Ce François, qui depuis qu’elle s’est retrouvée à danser avec lui, ne lui est plus tout à fait indifférent. Elle a adoré être dans ses bras, sa façon de la regarder, son parfum, et même ses maladresses lorsqu’il lui a marché sur le pied. A force de rapprocher des bouts de conversation qu’elle entend ici et là, elle a fini par comprendre qu’il est célibataire. Elle a même mené son enquête auprès du nouveau mari de son amie Sophie qui lui a apprit plein de choses à son sujet : En plus du vélo, il est assez sportif, court tous les dimanche matin, il vient de Paris et s’est installé à Reims depuis son divorce. Il a un fils de 17 ans qu’il ne voit que rarement. Impossible d’en savoir plus sur son ex-femme, mais qui dit « ex » dit une relation terminée… Enfin, plein de petits détails qui remplissent sa boite à secrets et lui permettent de s’envoler vers des contrées de rêves éveillés où François devient tour à tour l’ami, le confident, et parfois même l’amant. En attendant, elle a plein de rendez vous à honorer et depuis quelques jours, elle s’y rend toute seule, comme une grande, sans le chaperon de Romuald qui commence à comprendre qu’il la drague dans le vide. Leur dernier tour de clientèle ne s’est pas très bien passé, Il n’a pas arrêté de faire des allusions à la nouvelle relation de Caroline et François, la cherchant tant et si bien qu’elle a fini par le laissé en plan dans le dernier magasin de lingerie, en prétextant un énorme mal de tête.
De retour au bureau, Romuald a vite compris qu’elle lui faisait la tête, à défaut d’avoir la migraine et qu’il n’obtiendrait d’elle que mépris et silence. 
L’affaire entre eux a failli tourner au désastre quelques jours plus tard.
Caroline, depuis le début de son embauche dans cette boite, se pose des tas de questions sur le but réel de cette entreprise. L’entrepôt d’où partent les commandes est sans cesse fermé à clés, Romuald, qui s’occupe des livraisons, gère l’ouverture et la fermeture de la porte derrière le bureau, et Caroline n’est réellement entrée dans cette pièce qu’une fois ou deux, à peine le temps d’apercevoir les longues étagères où sont stockés les produits. Sa curiosité s’aiguise de plus en plus, les paquets sont lourds et si bien emballés qu’il est impossible de savoir ce qu’il y a dedans. Un soir, vers 17 heures, alors que ses deux patrons sont partis boire un café, juste en face du bureau, elle s’aperçoit que la porte est restée ouverte. Du coup, la voilà qui se faufile dans cette vaste salle, se dirige tout droit vers une petite porte sur le fond et entre dans une sorte de cave sans ouverture vers l’extérieur. Il fait si noir qu’elle se demande s’il est bien raisonnable de s’y aventurer, mais poussée par le désir de savoir ce qui se trame vraiment dans ces lieux, elle tâtonne à la recherche de l’interrupteur. Sa main trouve enfin le bouton et la pièce s’illumine à son contact. D’un coup, devant ses yeux s’étale  un véritable atelier. Bien  que  déserts et poussiéreux, elle se rend compte que les lieux sont occupés de temps en temps. Des mètres de tissus ornent les étagères, elle reconnait dans un coin de la pièce, quelques colis encore emballés livrés depuis peu… des patrons en carton ou en papier sont épinglés sur un métrage, étendu sur une grande table, une paire de ciseaux toute proche, prête à couper, deux machines à coudre industrielles prêtes à servir, et dans le fond de la salle, plusieurs portants remplis de porte manteaux occupés par des vêtements. Caroline s’approche doucement, oubliant qu’elle pourrait être découverte d’un moment à l’autre par un des associés. L’odeur de renfermé ne la dérange pas, elle se demande ce que font tous ces costumes pendus sur ces patères. Pourquoi tout cet étalage d’étoffes de couleurs vives et soyeuses. On dirait comme des costumes de théâtre, elle reconnait des robes d’époque ancienne, des gilets de gentilhomme,  les étagères du haut sont couvertes de vieux chapeaux tous aussi excentriques les uns que les autres.  Des châles sont pliés, repassés et en pile sur les étagères de dessous à proximité de chemises blanches à jabot en dentelle… Elle tourbillonne dans la pièce, oubliant sa crainte d’être découverte, elle passe d’un vêtement à l’autre surprise de la qualité du travail, envahie par l’ambiance que donnent tous ces habits d’un autre temps. L’évidence  lui saute aux yeux : C’est un atelier de fabrique de costumes de scènes… Mais pourquoi tout ce mystère ? Pourquoi une telle manufacture dans la cave de cette entreprise ?  Tout en tournant dans les lieux, elle n’a pas entendu le cliquetis de la porte mais le bruit qu’elle fait en se refermant brusquement la fait sursauter. La lumière s’éteint d’un coup, Caroline ne  retient pas son cri. En arrêt, comme un animal traqué, elle porte les mains à sa bouche, essaie de calmer les battements de son cœur, se tait et écoute les bruits aux alentours. Elle voudrait refaire le chemin inverse mais dans le noir elle peine à trouver sa route.  L’angoisse de se frotter à celui qui lui joue ce tour, la terrorise. Son esprit est emmuré dans des délires de plus en plus grand, comme la vision de celui dont on fait le procès actuellement. Encore ce matin, elle entendait aux information  le portrait de cet homme accusé d’avoir tué sa maitresse, un certain Maurice Agnelet, si ses souvenirs sont bons, c’est vrai que c’est un vieux meurtre, mais elle sait qu’il s’en passe tous les jours de bien plus sauvages et sa frayeur est à son comble, elle s’englue dans ses pensées et commence à paniquer vraiment. Son imagination, qu’elle a, en temps normal, débordante, ne se contrôle plus, elle sent que la terre va s’ouvrir sous ses pieds. Elle doit réagir et finit par se persuader que ce ne peut être qu’un tour d’un de ses patrons qui l’a surprise entrain de farfouiller, elle décide d’appeler.

-           François ? Romuald ? Je suis là, je suis désolée, je n’aurai pas du venir ici… je m’excuse, éclairez maintenant, je sors et oublie tout de suite ce que j’ai vu… Mais c’est peine perdue, personne ne lui répond. Elle continue son monologue, sentant de plus en plus la présence de quelqu’un près de la porte. Elle entend sa respiration, elle devine presque sa forme, elle ne sait plus si elle doit chercher à fuir ou s’avancer vers cette ombre.
-           Ca suffit maintenant, je crois que vous m’avez fait assez peur, allez, rallumez et je m’en vais dit-elle en tremblant et au bord des larmes.
 La lumière se rallume enfin, Caroline éblouie se retrouve face à Romuald. Il a l’air bizarre, un vilain rictus lui tord le visage, elle n’arrive pas à définir ce qu’il pense… Est-ce de l’amusement, de la colère ?
-           Romuald, vous m’avez fait une de ces peurs. Ne m’en veuillez pas, je retourne au bureau, dit-elle, sur un ton le plus neutre possible. Je vous garantie que je n’ai rien vu d’important, de toutes les façons je me moque bien de ce qui se trame ici.
Il ne répond pas tout de suite, se contente de la regarder, lui barre la route, ses yeux sont verts de gris et plein de morgue. Il semble à Caroline, que s’il pouvait, il lui lancerait des éclairs. Il est certain qu’il se moque bien de la peur qu’il lui vient de lui faire puis dans un ton mi-figue mi-raisin il finit par lui lancer :
-           Et bien, petite curieuse, je vois que l’avidité de savoir t’a mené dans la tanière de Barbe bleue. Sais-tu comment ont terminé les 7 femmes de ce brave barbu ?
-           Ne vous méprenez pas, Romuald, je…
-           Laisse moi finir, je ne pense pas que tu puisses avoir droit à la parole alors que tu as outrepassé mes ordres.
-           Mais ce n’est pas ce que vous croyez, essaie de plaider Caroline
-           Ca suffit ! s’écrie ce dernier. Je t’avais demandé de ne pas venir dans cette pièce, pour qui te prends-tu petite fouineuse ? Penses-tu que nous t’avons embauché pour fureter dans des endroits qui ne te regardent pas. Tu ne sais pas où tu viens de mettre les pieds…
Et s’approchant vivement de Caroline, il l’attrape par le poignet sans douceur et la traîne jusqu’à l’entrée de la cave.
-           Sors d’ici tout de suite avant que je ne change d’avis et que je ne te réserve un autre sort que celui de te mettre dehors.
Caroline ne perd pas de temps à discuter et court, traverse l’entrepôt pour retourner dans le bureau. C’est toute essoufflé qu’elle rentre tête première dans son autre patron qui s’étonne de sa fuite.
-           Et bien que vous arrive-t-il Caroline ?
Préférant jouer carte sur table avec lui, et certaine que Romuald va tout faire pour la licencier rapidement la voilà qui rétorque
-           Je crois que j’ai été un peu trop indiscrète, je ne sais pas ce qui se fait derrière la façade de votre société, mais je préfère vous donner ma démission et…
-           Votre démission ? Éclate de rire François, juste parce que ce cher Romuald a été démasqué ? Allons, venez prendre un café et calmez vous, vous avez droit à quelques explications. Je vais vous les donner, et tant pis pour mon cher collègue qui aurait du faire débarrasser les lieux depuis longtemps. Enfin, c’était notre deal d’il y a quelques mois, et tout est encore comme du temps de son père.
Interloquée par sa découverte, décontenancée par le discours de François, Caroline fond en larmes et se retrouve assise sur une chaise en hoquetant
-           Je ne voulais pas être indiscrète, je ne sais pas ce qui m’a prit, je regrette d’avoir poussé cette porte, je ne dirais rien à la police, je suis désolée, je vais rentrer chez moi et ….
-           …Et vous allez arrêter de délirer maintenant, la coupe François d’un ton un peu plus sec. Votre imagination est sans doute en pleine activité, mais je crains que vous ne puissiez comprendre ce qu’il en est sans mes explications. Et l’aidant à se lever, il la pousse gentiment vers la porte puis jusqu’au bistrot d’en face.
Attablée en face de lui, une bière bien fraîche lui redonne des couleurs. François attend poliment qu’elle se remette de ses émotions puis entame :
-           Le père de Romuald était un saltimbanque, enfin, il tenait un théâtre et avec sa troupe, jouait tous les soirs pour un public plutôt tolérant à mon goût. Romuald est du coup un peu artiste lui aussi, mais surtout un grand passionné de tout ce qui tourne autour de la scène. Il avait une admiration profonde pour son père et ne s’est jamais vraiment remis de son décès. Depuis, il passe beaucoup de temps dans cette « boutique » spéciale, et reprend un peu le travail de son père, comme lui, il confectionne des costumes qu’il essaie de vendre, sans trop de succès, à des salles de la ville ou d’ailleurs. Voilà, il n’aime pas en parler, encore moins avec une inconnue, qui plus est, une femme. Il ressent cette passion comme une faiblesse, son père n’a jamais vraiment percé dans le monde du théâtre, d’où la prolifération des costumes. Son savoir coudre lui vient de lui, tout petit il restait des heures à le regarder faire des habits Mais vu son côté macho, il a beaucoup de mal  à assumer ce hobby. Vous savez tout, maintenant si vous souhaitez toujours démissionner, je ne pourrais pas vous retenir, mais sachez que je le regretterai fortement.  
Caroline est abasourdie par ces curieuses révélations, elle relève le nez de son verre,  regarde son patron, il a l’air sincère et presque amusé de la situation. Ce Romuald lui a vraiment fait peur, comment continuer de travailler avec lui ? D’un autre côté, elle ne peut se cacher l’attirance qu’elle a pour son deuxième patron et elle doit bien réfléchir à ce qu’elle va dire.  Romuald semble être un drôle de personnage, à croire qu’il porte un masque le jour et un autre la nuit.  Reprenant tout à fait ses esprits, elle sourit à François.
-           Alors tous ces énormes colis qui arrivent régulièrement de plein de régions différentes, ce sont des rouleaux de tissus ?
-           Tout juste, il les fait venir par transporteur de plusieurs pays comme la Turquie ou le Maroc, selon ses besoins, et surtout les costumes qu’il veut créer. Le problème est la place et l’argent que tout cela prend, c’est pourquoi je lui ai demandé d’arrêter cette usine qui ne sert pas à grand-chose, sans compter l’énergie qu’il met à fabriquer des vêtements qu’il ne prend même pas la peine d’essayer de vendre. Y-a-t-il autre chose qui vous tracasse Caroline ? Vous voyez que la police n’a rien à faire dans cette histoire, Romuald est parfaitement en droit de perdre son temps à faire des déguisements…
-           J’ai vraiment dû vous paraître idiote, merci de m’avoir raconté tout ça
-           Et bien maintenant, c’est un peu comme si tu faisais partie de la famille, reprend-il en la tutoyant… on se tutoie du coup ? Enfin si ce n’est pas trop difficile de travailler avec des patrons qui deviennent aussi des amis.
-           Pas de problème, répond Caroline, Je crois qu’on va faire une super famille tous les trois, maintenant que je vous connais mieux. Et comme dirait Romuald : on va faire un tabac !
De retour au bureau, ils retrouvent Romuald, la tête dans les mains, le regard fuyant, comme un petit garçon prit au piège. Caroline s’approche de lui et d’un geste maternel, lui prend le visage entre les mains et lui claque une belle et grosse bise sur la joue.
-           Je trouve ça formidable Romuald et si tu n’y vois pas d’inconvénient, non seulement je reste votre commerciale, mais je me fais fort de trouver des acquéreurs pour les costumes, en plus des sous-vêtements… et puis j’adore coudre mais ne suis pas des plus douée, par faute de temps, tu m’apprendras à tes heures perdues ?
Romuald lui sourit, lui prend la main et dans un rire plus franc, il lance
-           J’avais justement besoin d’une essayeuse de costume alors pourquoi pas une assistante ?
Caroline sait à cet instant qu’elle vient de se faire un ami, et pourquoi pas un amant de François lorsqu’il aura enfin comprit ce qu’elle attend de lui.



dimanche 6 avril 2014

Écrivains dans un bocal chapitre 3

Episode 3 : on garde le même personnage, la même période
Mais les contraintes sont :
Le Lieu : une église
Action : l’héroïne doit provoquer un accident
La contrainte d’écriture proprement dite : il faut qu’apparaisse dans le texte ces 4 mots : salade, montagne, fraise, vélo

Chapitre 3

Le week-end arrive enfin, il faut dire que Caroline n’avait plus trop l’habitude de se lever régulièrement si tôt. Depuis quinze jours, elle mène un rythme d’enfer, enfin juste un rythme d’une employée auquel elle doit se faire. Curieusement ses parents ne sont pas vraiment heureux de la voir travailler. Caroline finit par se dire qu’ils n’étaient pas si mécontents de partager leur temps avec elle, entre un père qui se sauve à la pêche avec des copains constamment et une mère qui s’ennuie ferme chez elle, elle était un bon divertissement pour eux et redonnait un peu de vie dans cette grande maison. Mais bientôt, elle va pouvoir enfin se prendre en charge et réintégrer une vie normale, réinstaller son petit coin à elle et ne plus dépendre de ces chers parents qui lui pèsent un peu trop.
Une phrase de plus  l’a mis à l’envers ce matin lorsque Caroline a prévenu qu’elle n’était pas là aujourd’hui  suite à une invitation  au mariage de son amie Sophie. 
-           Et bien comme quoi tout peut arriver, si même Sophie se case enfin, ça devrait pouvoir t’arriver à toi aussi … réplique sa mère avant de replonger dans ses mots croisés.
Comment supporter encore longtemps ce genre de sarcasmes ?  Caroline se sauve plus qu’elle ne part et ravale ses larmes ainsi que les quelques paroles désobligeantes qu’elle lancerait bien à sa mère, fatiguée de l’entendre se lamenter sur tous les petits enfants qu’elle ne lui a pas encore fait…  
L’église est bondée, caroline est en retard, une habitude qu’elle doit vraiment combattre. Elle se faufile un peu, cherche des yeux les copines qui font partie de leur bande depuis leur jeunesse. Une blonde échevelée lui fait signe, et permet à Caroline de s’asseoir derrière un pilonne. Dommage, elle ne voit pas grand-chose du mariage, mais elle est contente à l’idée qu’elle a une chance de s’amuser ce soir. Et puis elle a plein de choses à raconter à ses amies qu’elle avait négligées ces derniers temps, déprimée qu’elle était et de mauvaise compagnie comme elle se plaisait à leur dire à chaque appel de leur part. Elle a enfin reprit un statut social, elle ne pointe plus au pôle emploi et sa vie est redevenue intéressante. Le sourire aux lèvres, c’est à peine si elle écoute le sermon du prêtre, elle s’autorise même à penser que la chance tournant pour elle, elle rencontrera peut-être enfin l’homme de sa vie et fera plein de petits enfants à sa mère. Si dans les églises, les pensées sont des prières, alors elle n’a pas fini de s’adresser aux anges et lorsque la musique de sortie s’élève, elle redescend sur terre et se sent toute guillerette.
-           Mais tu es resplendissante ! C’est cette mielleuse de Romane qui lui sort sa phrase fétiche, avec elle tout le monde resplendit, à croire qu’elle vit illuminée par ses rencontres, Caroline la délaisse très vite pour aller embrasser la mariée.
-           Félicitations ma chérie, lui souffle-t-elle dans la nuque en l’embrassant, comme je suis heureuse pour toi
-           Merci, merci, je suis sur un nuage et Cédric est le meilleur des hommes, répond celle qui venait de dire « oui » pour la vie. Je te souhaite le même bonheur Caroline. Tu sais où se situe la soirée ?
-           Oui, j’ai mis l’adresse sur mon GPS, ne t’en fais pas, je ne me perdrais pas, je ne resterai pas très tard tu sais...mais elle n’a pas le temps de finir sa phrase, la mariée est happée par le défilé des félicitations et Caroline se retrouve  sur le pavé de l’église un peu étourdie par tant de monde.
Une fois dans sa voiture, l’émotion qu’elle ressent est si forte qu’elle se retrouve inondée de larmes, elle sait bien que ce n’est pas le moment de se laisser aller, que son rimmel va couler, que ses yeux seront rouges d’ici deux minutes mais c’est plus fort qu’elle. Ce mariage la déstabilise, qu’est-ce que ce sera après quelques verres se dit-elle, en s’efforçant de faire disparaître sur son visage toute trace de tristesse. Allez, ma grande, reprend-toi, tu as une nouvelle vie devant toi et il doit bien exister sur terre un prince malheureux de ne pas rencontrer une princesse de trente cinq balais et de lui faire plein de gosses.
La soirée se poursuit lentement, Caroline est coincée entre une mamie qui a décidé de lui parler de ses petits enfants, les énumérant un par un, listant toutes leur qualités, les décrivant comme les plus beaux enfants du monde et le vieux tonton, ancien guide de montagne qui inlassablement lui parle des courses qu’il a fait quand il était jeune. Le nez dans sa salade de fruits, elle a hâte que ce repas se termine et trie les morceaux de fraises un par un, histoire de se donner une contenance et de faire passer le temps.
Enfin de la musique, la mariée entame quelques pas de valse avec son père, le marié avec sa mère. Les traditions ont la vie dure dans cette famille. Caroline s’est levée de table et se rapproche d’un groupe d’amis qu’elle connait depuis bien  longtemps.
-           Oh, Caro, tu étais où ? C’est quoi ce plan de table, on dirait que Sophie a tout fait pour séparer ses amis…
-           Pas si facile de contenter tout le monde, crie Caroline dans ce brouhaha, et tirant par la manche sa copine Bénédicte, elle l’entraîne dans la danse, viens s’égosille-t-elle, le disque-jockey a enfin compris, place aux jeunes…
Elle danse depuis quelques minutes, lorsque son regard s’arrête sur un homme qui vient de rentrer dans la salle. Caroline se retrouve dans la seconde qui suit, en arrêt, ces hommes ne sont autres que François et son cher associé qui le suit comme une ombre.
-           Aie, glisse-t-elle à l’oreille de Bénédicte, je ne veux pas voir ces deux hommes, ce sont  mes nouveaux patrons, je me demande bien ce qu’ils font là, je ne les ai pas vu à l’église tout à l’heure.
-           Je crois que le plus grand est un ami du marié, tu as enfin un travail ? Et tu fais quoi, cachotière ? Et sortant de la piste, les voilà se repliant dans un coin de la salle.
-           Tu es toute blanche, Caro, que t’arrive-t-il ?
-           Je ne me sens pas bien, je crois que je vais rentrer, et puis je ne tiens pas à me retrouver nez à nez avec eux.
-           Tu veux que je te raccompagne, tu n’as pas trop bu ? Ça va aller ?
-           Oui, oui, ne t’inquiète pas, je vais juste faire un tour, prendre un peu l’air.
-           Ok,  je retourne danser, lance Bénédicte qui l’abandonne près de la porte.
Caroline est dehors, elle respire un grand coup, elle n’est pas très sure d’avoir envie de se voir inviter à danser par ce Romuald qui lui fait suffisamment de gringue au bureau, sans en plus lui donner l’occasion de la peloter sur une piste de danse. Elle décide de partir et retournant dans la salle pour récupérer ses affaires, elle ne voit pas le fil électrique posé par terre. Elle se prend les pieds dedans, titube puis tombe et tirant sur le fil par sa maladresse, elle entraîne l’enceinte posée juste vers la sortie. Celle ci s’ébranle et finit par tomber sur une dame assise qui portait son verre à ses lèvres et ne se doutait pas qu’une baffe allait lui tomber sur la tête. Cette dernière surprise se met à crier,  Caroline, par terre elle aussi, se relève et se retrouve apostrophée par le mari de cette dame
-           Dites-donc, mademoiselle, vous ne pouvez pas faire attention, vous avez failli tuer ma femme
Dans la salle pleine de monde, le temps s’est arrêté, Caroline, rouge de confusion voudrait passer par le trou d’une souris et disparaitre, la musique est stoppée, les gens commencent à affluer vers la victime.
-           Je suis médecin, laissez moi passer, interpelle un homme qui s’approche de celle qui se plaint de la tête, j’ai bien peur qu’il faille vous emmener à l’hôpital, recevoir une masse pareille sur la tête peut provoquer un bon traumatisme. J’appelle les pompiers.
-           Je suis désolée, essaie de dire Caroline, mais personne ne l’entend, elle qui voulait partir discrètement, vient de provoquer un accident… elle a envie de pleurer, elle ne sait que faire. Se retournant vers son sac qu’elle attrape rapidement, elle marche le plus vite qu’elle peut vers la sortie. Un homme vient de la prendre par le bras, l’entraînant gentiment à l’extérieur, elle se laisse guider comme étourdie, elle n’a même pas vu que son genou saignait, elle veut juste s’en aller et rentrer chez elle.
-           Et bien, pour une surprise, c’est une surprise, et de taille avec tout ce vacarme, on peut dire que vous êtes un sacré trouble fête ce soir, sourit son cavalier… qui n’est autre que François. Allez, venez, en plus vous boitez, on va regarder ça. Ne vous en faites pas pour cette dame, elle n’est pas morte, elle vient juste de prendre une baffe, on s’en remet, croyez moi. Il faut dire qu’ils auraient pu éviter les fils qui trainent dans une soirée dansante, vous pourriez presque porter plainte contre le DJ.
Cette dernière remarque arrache un sourire à Caroline qui semble avoir perdu sa langue.
-           Caroline, je ne savais pas que vous connaissiez Paul, lui dit François, c’est un super copain, nous faisons du vélo ensemble depuis des années. Je ne vous avais jamais vu avec lui.
-           C’est peut-être parce que je suis amie avec Sophie, la mariée, lui rétorque Caroline en retrouvant ses esprits. Je suis vraiment navrée d’avoir provoqué cette catastrophe, je voulais juste prendre mon sac et partir.
-           Partir, alors que la fête ne fait que commencer… allons, écoutez, ils ont remis la musique, vous voyez, rien de bien grave, allez venez, je vous invite à danser, si votre jambe vous le permet évidemment.
-           Et bien, je ne sais pas, je suis un peu fatiguée et…
-           Pas de chichi, vous n’allez pas refuser une danse à votre nouveau patron… Et il l’entraîne dans un slow que vient tout juste de relancer le DJ…





mardi 1 avril 2014

Ecrivains dans un bocal chapitre 2

Suite de la nouvelle des écrivains dans un bocal : http://tudinescesoir.wordpress.com
Contrainte du chapitre 2
Lieu : un magasin de  bricolage
Action : votre héroïne fait une découverte et doit évoquer l’auteur suédois Henning Mankell

Chapitre 2
Petit tailleur noir, chemisier blanc col Claudine, Caroline arrive essoufflée à son  nouveau travail. Elle est à l’essai depuis quinze jours chez Romuald et François, ses deux patrons et est devenue pour eux leur commerciale exclusive. Cette société vend des sous-vêtements que ses patrons font venir de Taiwan et qu’ils revendent à  prix d’or comme le nec plus ultra de la mode  du moment. Dentelle, petits boutons nacrés, soutien-gorge et nuisettes non presque plus de secret pour elle. Les gammes sont diversifiées et les couleurs variés, tout cela pour dire qu’elle n’a guère le temps de s’ennuyer depuis son arrivée dans cette boite.
Elle relève de moins en moins ses cheveux qui tombent en cascade sur ses épaules, elle s’habille plus « féminine » comme le lui a demandé Romuald lors de leur entretien éclair dans un bar. Elle a d’ailleurs bien remarqué les regards en coin que lui jette ce dernier lorsqu’elle passe la porte le matin, elle a presque l’impression qu’elle est nue, tant il l’a déshabille du regard et depuis quinze jours qu’elle est là, elle ne s’y habitue pas vraiment. Mais elle est prête à faire l’effort de ne rien dire tant elle est heureuse d’avoir son bureau. Quel bonheur de se retrouver dans le monde du travail, elle n’arrive toujours pas à croire à sa chance, elle devrait pouvoir prendre un appartement pour elle toute seule d’ici peu, en tous les cas à la fin de cette période d’essai qui se passe pas trop mal. Elle occulte volontairement tout ce qui la dérange et ne veut pas trop chercher à comprendre d’où vient la marchandise. Elle a bien découvert des petites choses un peu louches, comme des adresses bizarres sur les paquets qui arrivent presque tous les jours, la forme des colis qui ne semblent pas forcément contenir des sous-vêtements, et cette interdiction formelle de la part de Romuald d’ouvrir les emballages et de rester trop longtemps dans l’entrepôt lui laisse penser que tout n’est pas vraiment net dans cette société.  Aura-t-elle un jour l’explication à ces mystères ? Tout ce qu’elle sait pour le moment est dans le dossier que lui a remis Romuald.  Un dossier qui explique simplement le travail qu’elle doit faire et la liste des magasins de lingerie à appeler, à qui elle doit proposer les produits et décrocher des rendez-vous qu’elle honorera au début avec l’un de ses patrons, puis toute seule quand ils la lâcheront comme une grande dans la jungle de la vente. Elle a une liste de tous les magasins de la région et commence à remplir son carnet de rendez-vous à force de coup de fil et de persuasion. Dans tous les cas, elle a besoin de ce travail et remet à plus tard une enquête qui pourrait ne lui amener que des ennuis.
Caroline est plongée dans l’ordinateur et ne voit pas Romuald appuyé au chambranle de la porte en observation depuis quelques minutes. Lorsqu’elle se retourne, leurs regards se croisent, il la dévisage carrément et Caroline baisse les yeux, comme elle le fait chaque fois. Elle ne va tout de même pas se plaindre qu’un homme s’intéresse à elle, ça fait bien trop longtemps que cela n’est pas arrivé, alors elle se contente de rougir un peu et reprend contenance quand Romuald lui lance :
-          Caroline, aurais-tu la gentillesse de faire une course pour nous, François et moi sommes entrain de monter l’étagère pour l’entrepôt et il nous manque quelques vis.
-          Oui,  bien sur, j’y vais… le magasin de bricolage est tout prêt, j’en ai pour une seconde
-          Mets ce que tu prendras sur le compte, on t’attend, merci Caroline.
Il avait dit merci en traînant un peu sa voix et dans un sourire mielleux tout en lui glissant dans la main un exemplaire d’une vis… et du coup, elle se demande si leur relation ne prend pas un tour un peu dangereux. Mais elle tient tant à sa place qu’elle ne veut surtout pas s’offusquer et prenant son sac, elle lui passe devant, il se recule d’un pas et ne se gène pas pour suivre son déhanchement d’un regard sans vergogne.
-          Quel drôle de type, pense-t-elle… je préfère son associé, au moins lui me respecte et ne me reluque pas ainsi.
Une fois à Bricorama, la voilà qui oublie son trouble et circulant dans les rayons elle cherche les vis en question. Comme celles qu’il lui faut sont sur la dernière étagère, elle monte sur la pointe des pieds, et essaie d’attraper ce qu’elle est venue chercher. Bien occupée à ne pas perdre l’équilibre, montant le pied sur le rayon du bas, elle ne voit pas l’ombre qui s’approche d’elle et du coup, sursaute lorsqu’une main vient se poser sur sa taille.
-          Laisse moi t’aider, la surprend Romuald, je t’ai suivi, je n’étais pas certain que tu trouverais et…
Vraiment surprise, Caroline descend précipitamment de son escabeau de fortune,  se recule d’un geste vif, se dégage rapidement, et s’exclame :
-          Mais j’aurai trouvé toute seule, pourquoi m’envoyer vous chercher des visses si vous venez avec moi ?
-          Je me suis dit que ce pouvait être l’occasion de se voir en dehors du magasin, François est tellement souvent derrière nos basques, j’ai bien vu que cela te gênais et que tu ne peux pas vraiment répondre à mes œillades… non ?
-          Quelles œillades ?, je suis chez vous pour travailler, pas pour flirter il me semble
-          Oui, bien sur, mais les deux ne sont pas incompatible et puis il me semble que l’on s’est plu tout de suite non ? au bar déjà j’ai bien remarqué comment tu me regardais et comment tu avais envie que je t’embauche, d’ailleurs dans l’intimité tu peux me tutoyer…
-          L’intimité, quelle intimité ? J’ai seulement besoin d’un travail, je crois que vous vous m’éprenez, je dois retourner au bureau, j’ai des coups de fil à passer !
Et sur cette dernière phrase, elle s’avance vers le comptoir, pose la boite sur le tapis roulant en demandant à la caissière de mettre cela sur le compte de la société R & F. Récupérant ses achats, elle sort précipitamment et essaie de devancer Romuald pour entrer au bureau le plus rapidement possible. Peine perdue, il est déjà là, à lui ouvrir la porte… choisissant l’humour pour éviter de laisser s’installer entre eux un malaise, elle se force un peu à sourire et lui rétorque :
-          Vais-je devoir faire appel aux services du commissaire Vallander ?
-          de qui parles-tu ? répond Romuald étonné,
-          De rien, de rien, je plaisantais, j’invoquais l’aide du héros d’un auteur de livre policier
-          De quoi parlez-vous ? intervint François qui les voyant rentrer, s’avance vers eux,  tu t’intéresses à la lecture Romuald ? c’est nouveau ça….
-          Oh, je faisais référence à un de mes héros favoris, le commissaire Wallander, mais il semble que François ne le connaisse pas.
-          Le commissaire Wallander ? ah, super, j’adore les romans  de Henning Mankell, vous avez des lectures sympas Caroline, il faudra qu’on en parle, reprend François et attrapant par le bras Romuald, dont la mou prouve sa déception de n’avoir pu répondre à Caroline lui même, il lance à son collègue :
-          Tu viens, on a du boulot sur la planche nous, merci Caroline, on vous laisse à vos commandes…

Caroline de nouveau à son bureau est méditative. Cette place lui plait, le travail est ce qu’elle aime et ce qu’elle sait faire, mais ce type lui fait un peu peur… arrivera-t-elle à résister à ses avances ? Et puis sa façon de la tutoyer alors que son autre patron la vouvoie, est-ce bien normal ? Elle a hâte d’être embauchée définitivement afin de pouvoir s’imposer un peu plus et mettre du coup un terme à ce malaise. En attendant, elle aussi a du boulot sur la planche.

lundi 31 mars 2014

Comme Prévert


Comme c’est beau

Ce qu’on peut voir comme ça
A travers les tableaux de maîtres
Et les toiles de peinture
Des petits maîtres de rien…

Tenez, regardez par exemple
Comme c’est beau cette ambiance
De Camille Corot
Avec ses chevriers des Iles Borromées
Sous les arbres tempête
Qui se déchaînent en vain


Pour accueillir sous leurs branches

Trois figures de Picasso

Qui dorment à poing fermé
Dans la chambre de Van Gogh
Dont le lit de guingois
Accueille deux amants

Cacher sous les draps blancs
D’un Magritte pudique
Et qui proche de Toulouse
Se donnent le baiser
Qui changera leur vie
Comme ces scènes en couleur

Qu’un Renoir trop sombre
Va tremper au moulin de la Galette
Avant de prendre le large
Sur un bateau à voile

De Moona B, prudente,
Qui s’envole de bonheur
A petits pas de géant,
Sur la mer des sourires
Et donnera à jamais
Du fil à tordre de rire…
puisqu’on peut se prendre pour un Prévert,
 pourquoi pas pour un grand maitre !
le rêve n’a pas de limite….


 












 





samedi 29 mars 2014

Écrivains dans un bocal

Suite à quelques clics bien placés sur internet, je découvre l'idée fabuleuse de deux amies du net : écrire une nouvelle à partir de consignes qu'elles tirent au sort... Après lecture de leur premier chapitre, je me laisse tenter par l'aventure et m'envole sur mon clavier pour quelques lignes sortant de mon imagination mais dirigées par leurs contraintes... Pour voir les autres textes...  http://tudinescesoir.wordpress.com


Chapitre 1

La ville est à peine éclairée, elle court sur le pavé, elle sait d’avance qu’elle va être en retard. Pourtant c’est un grand jour, le premier rendez vous qu’elle décroche depuis des mois. Il faut dire qu’elle est au chômage depuis si longtemps et pas foutue d’être à l’heure à un rendez vous, de là à ce qu’il y est cause à effet, il n’y a qu’un pas. Mais elle n’a pas le temps de s’analyser, pour une fois elle n’a pas réfléchi trois heures avant d’accepter cet entretien, et le fait qu’il lui propose de la recevoir dans un bar de la ville, ne l’a pas choqué plus que ça. Elle habite Reims, chez papa et maman, n’ayant plus financièrement les moyens de payer un loyer. Le retour en arrière fut difficile, surtout que cette solution n’avait pas que des avantages; sa mère, depuis quelle a posé son sac dans sa petite chambre d’adolescente, la matraque de sempiternelles phrases du genre : « tu as bien envoyé ton CV au contact dont je t’ai parlé ?, tu n’y arriveras pas si tu te lèves si tard…. » Et ce matin, elle est à deux doigts de trouver que cette dernière a raison et qu’elle n’est pas à la hauteur même du pauvre petit bout de salaire que lui verse Pôle emploi. Tout en courant ainsi, elle arrive enfin face à ce bistrot et entre sans même un regard pour l’employé derrière le comptoir. Elle cherche des yeux celui qui la veille,  lui a donné rencart dans ce lieu un peu étrange. Rien en vue qui ressemble à ce grand blond, à peine rasé et qui sur de lui, lui proposait une place de commercial dans ce qu’il disait être sa boite. Alors pourquoi ce lieu, se surprit-elle à penser ? Hier au soir, elle n’avait vraiment pas les idées très claires. Néanmoins, elle est là et prend place derrière une table à la nappe en plastique dont les couleurs sont autant délavées que la propreté est douteuse. L’espace d’un regard, elle survole les lieux, le café est presque vide, un vieux monsieur lit son journal dans un coin, ce doit être un habitué qui vient chaque matin se rafraichir des nouvelles du jour. Sinon, rien, pas de grand blond qui pourrait par un travail, enfin faire basculer sa vie du côté clair. Derrière elle, une glace dans laquelle est aperçoit son profil, sa queue de cheval lui donne presque l’air d’une jeune fille, pourtant elle va déjà vers ses trente cinq ans et le sourire qu’elle se force à s’envoyer n’est pas très sincère… comme si elle avait besoin de se confirmer que son pouvoir de séduction était encore en action. Le serveur s’approche d’elle et se penchant pour essuyer la table lui demande ce qu’elle veut boire
-          Un café, s’entend-elle répondre, corsé, rajoute-t-elle rapidement avant qu’il se retourne vers le comptoir.
Le temps de se replonger dans ses pensées en attendant son sauveur, un homme qui vient de rentrer croise son regard, s’avance vers elle et lui demande
-          Vous êtes Caroline ?
-          Heu, oui, non, enfin oui, comment connaissez vous mon prénom ?
-          Je viens de la part de François, celui que vous attendez, il m’a demandé de vous retrouver ici parce qu’il a eu un empêchement et…
Décontenancée, Caroline se lève et bredouille
-          Ah, bon, ben ce n’est pas grave, on se redonnera rendez vous une autre fois
-          Attendez, ne partez pas ainsi, je dois vous délivrez un message de sa part.
Caroline, un peu gauche, se rassoit, réajuste sa franche, ses mains transpirent un peu, elle commence à se demander si il était bien raisonnable d’accepter de se rendre de si bonne heure dans un café avec un homme dont elle ne connait que le prénom. Et celui qui se trouve en face d’elle ne lui dit rien qui vaille. Il est brun, assez grand, et lorsqu’il tire la chaise pour s’asseoir face à elle, elle comprend qu’elle ne peut qu’attendre de l’entendre…
-          Je vous écoute, dit-elle dans une moue qui lui fait ressortir les deux petites fossettes qui entourent sa bouche. Dans un autre temps, elle savait ce geste irrésistible, mais ce matin, aucun calcul, juste une lassitude qui révèle son manque d’entrain à poursuivre cette conversation. 
       -       Je vous offre un verre ?
       -       Je n’en suis qu’au café et…
       -       Un deuxième café alors, dit-il précipitamment et se tournant vers le comptoir il lance à la volée : deux cafés s’il vous plait. Puis de nouveau, son regard plonge dans celui de Caroline qui se sent de plus en plus mal à aise. Pressée d’en finir elle place rapidement sa question :

-                          -            Alors, François a-t-il une place pour moi ?
-                           -            Pas si vite, il faudrait déjà que tu me donnes ton CV.

Il l’a tutoyé d’un coup sans prévenir, ce qui renforce le sentiment oppressant qu’elle ressent déjà. Le tour que prend cette conversation ne lui plait pas du tout et faisant mine de se lever, l’homme appuie une main ferme sur son avant bras et lui rétorque :
-          Dis moi déjà ce que tu sais faire, je suis l’associé de François, nous avons une société qui fabrique des sous-vêtements et nous cherchons une personne susceptible de nous aider pour la diffusion de nos produits… tu me suis ? As-tu des références dans la vente ?
Timidement, Caroline commence à débiter ses diplômes, sortant dans le même temps son curriculum vitae qu’elle lui tend d’une main tremblante et en bredouillant 
-                              -           Il est à jour, je suis sans emploi depuis plusieurs mois, mais j’ai déjà travaillé dans la vente et….
-                              -            Ok, pas de problème, tu commences demain ! répond l’associé tout en détaillant le document,                      par contre, il te faut t’arranger un peu.
-                              -           C'est-à-dire ? reprend Caroline
-                             -            Et bien, je ne sais pas, te mettre sur ton trente et un, une jupe au lieu d’un jean, un chemisier au      lieu d’un pull, les cheveux détachés … féminine quoi !
Et au regard que lui lance  Caroline, il reprend plus posément :
       -       Mais ne t’inquiète pas, tu es très jolie et ce ne sera pas difficile… non ?
Lui tendant sa carte avec l’adresse de sa société, il se lève précipitamment.
       -       Bon, tu m’excuses mais j’ai plein de rendez-vous, on se retrouve demain, 9 heures à cette                             adresse, on parlera des formalités et tu verras on va bien accrocher tous les trois…
      -        Tous les trois ? répond Caroline complètement déstabilisée par cet entretien
      -        Oui, enfin Toi, François et moi… on va faire un tabac… allez je file, à demain
Et sur cette dernière phrase, il se retourne et sort du bar aussi vite qu’il était entré…
Caroline, plutôt sonnée, ne sait pas trop que penser de cette embauche éclair, elle se demande si elle n’a pas rêvé et quelle est la décision qu’elle doit prendre. Mais revenant à la raison, elle  finit par se dire qu’elle n’a pas vraiment le choix et que demain est un autre jour… elle aperçoit alors son reflet dans la vitre et respirant un bon coup, se forçant à sourire elle défait ses cheveux et se met à regarder par la fenêtre.