Une grande brune habillée toute en noir n’arrête pas de
parler au téléphone et sa voix m’agresse, j’avais tant envie de calme ! Dans
ce train bondé, impossible de changer de place. J’en suis à souhaiter que le
réseau se coupe, que le train ne prenne plus que des tunnels infinis et que la
lumière ne revienne qu’à destination du voyage. Ouf, le ciel m’a écouté, elle
est tout hagard devant son portable arrêté, essaie en vain de le remettre en
marche, se plaint que ça ne capte pas… son petit malheur fait mon grand bonheur
d’un silence bien mérité… mais pas de chance, un reliquat de réseau est revenu
m’empoisonné et la voilà qui reprend sa conversation, là où elle l’avait
laissé, criant un peu plus pour se faire entendre et mélangeant dans son
français quelques brides de sa langue maternelle. Mais facile de comprendre
qu’elle parle de ses enfants, de la façon dont elle les habille, des caprices
qu’ils font tout le temps… le contenu d’une conversation sans aucun intérêt,
sans doute pour éviter de se retrouver seule avec elle-même…
De grands cheveux ébène encadrent son visage, je me
surprends à la détailler n’écoutant plus son babillage. Elle téléphone comme si
elle jouait un rôle, se doigts passent sans cesse sur sa frange, ses yeux noirs
roulent autour d’elle à la recherche d’un détail qui les accrochent, sa bouche
pulpeuse, dessinée au crayon rose, s’ouvre et se referme à une vitesse impressionnante,
vertigineuse dont les sons sortent sans cesse… des mots de toutes sortent
s’additionnent les uns aux autres, elle parle d’arrêt maladie, de ramadan, de crèche
pour les enfants… elle doit saouler autant son interlocutrice que moi, victime
de son bavardage. Elle ne raconte vraiment que des banalités et je retiens très
fort mon envie de lui arracher ce boitier maléfique pour qu’elle se taise
enfin ! Vive les voyages en train aux heures de pointe!
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