C’était complètement fou, je
volais dans les airs sans savoir vraiment où aller. Les toitures de maisons
étaient mon horizon et lorsque je planais dans toutes les directions c’était
sensationnel. N’empêche que j’avais tout de même plein de problèmes à régler ce
jour là et on m’avait donné l’adresse d’un super psychologue tellement renommé,
que l’on faisait la queue devant son cabinet pour le consulter. J’aperçus de ma
hauteur, le long chapelet que formaient tous ses clients, comment faire pour
aller interroger ce manitou sans que cela me prenne le jour entier ? Je le
voyais par transparence assis à son bureau, à l’écoute, sérieux, dodelinant de
la tête, et donnant à chaque visiteur une ordonnance. Ces derniers repartaient
le sourire aux lèvres, le pas léger et je les enviais de mon point de vue
culminant. Sans réfléchir aux conséquences, je fonçais tête première vers la
procession et fendant le plafond, j’atterris dans la file sans demander la
permission. Des oh, des ah s’exclamèrent de toutes parts, voulant me faire
comprendre leur indignation, les gens commençaient à me pousser du coude, à me
bousculer vraiment, mais c’était sans compter sur ma force de persuasion, sur
le sourire ravageur que je leur lançais, sur la volonté de fer que j’avais de
rester derrière les quelques personnes proches du bureau du gourou.
Arriva très vite mon tour, et
une fois en face de lui, je commençais à bafouiller, il faut dire que je
n’avais pas vraiment prévu l’ordre de mes questions à lui poser, mais j’arrivai
enfin à les lui formuler :
-
Rien ne va dans
ma vie, mon mari ne me regarde plus vraiment, mes enfants sont constamment
malades, mes finances sont catastrophiques, je ne fais que pleurer sur mon sort
et…
D’un geste du bras, il me coupa
très vite la parole, était-ce parce qu’il ne pouvait consacrer beaucoup de
temps à ses patients ? Toujours est-il qu’il eu la même expression que je
lui avais vu du haut du ciel, un air sérieux, la tête allant de droite à
gauche, un doigt posé sur ses lèvres, en pleine réflexion… Il appuya ensuite
sur quelques touches de son ordinateur placé face à lui, et sortit une feuille
pleine de graffitis qu’il me remit. Sur cette ordonnance était noté le
prix : 80 euros pour ce bout de papier… Je payais effarée du montant et étonnée
que l’entretien se termine déjà, sans même un mot de sa part, je m’éloignai
pourtant le sourire aux lèvres en lisant les quelques lignes qui composaient cette
prescription. Tout en sortant de la pièce, croisant quelques regards courroucés
de ceux que j’avais devancés, je flottais de nouveau dans l’air et repris mon
envol jusqu’au prochain nuage où je pus détailler à loisir la liste de ce que
je devais prendre pour remettre ma vie à l’endroit :
Prendre chaque jour
-
Du chocolat
additionnée à du miel : 3 ou 4 carreaux
-
Un bon repas bien
équilibré
-
Une sortie en
amoureux avec l’homme de votre vie !
C’était
exactement ce dont j’avais besoin….
Oh, ben je peux te faire ce genre de prescription pour pas un radis et je crois qu'on est nombreux à pouvoir agir ainsi dans la blogosphère !! :-D un joli mercredi !!
RépondreSupprimerC'est le rêve que ma fille m'a raconté dernièrement, j'ai trouvé sympa de le mettre en phrase et lorsqu'elle l'a lu elle m'a demandé si j'étais aussi dans la file de ce fameux "docteur"... bisous et bonne fin de semaine
RépondreSupprimerOui, les rêves sont toujours très amusants une fois qu'on les met en mots!
RépondreSupprimerElle voit un psy en ce moment, ta fille?
Non, pas de Psy actuellement ! heureusement elle va plutôt bien ! gros bisous ma Célestine
RépondreSupprimerL'homme de ma vie a le pied dans le plâtre depuis hier et pour 3 mois ! pas de sortie en amoureux avant un certain temps... reste le chocolat ! ;-)
RépondreSupprimerJe viens de mettre en ligne ton texte sur ABCdaire, merci de ta participation !
Je me suis permis de rajouter un e car le H de Handicap est hhhhaaaspiré ;-)
J'ai mis aussi un lien vers ton blog. Dis-moi si la mise en page te convient.
J'ai vu que tu étais aussi artiste, tu ne me ferais pas un beau H pastelisé pour illustrer ton texte ? (j'ai mis une image à moi en attendant) ou une autre lettre si ça t'inspire.