Est-ce sa faute si ses yeux ne sont pas étanches quand elle dort ?
Juste un rai de lumière et elle se réveille, ses yeux sont sensibles à la moindre
petite clarté, alors que son conscient s’enfonce dans les abîmes du sommeil. Du
coup, elle tourne, elle vire, elle finit même par souffler, et évidemment
réveiller l’homme qui dort à ses côtés. Juste un petit faisceau et son conscient
reprend le dessus…
Voilà plusieurs années que ce problème se pose, que les
volets se ferment presque automatiquement le soir, comme une cérémonie du
coucher et qu’elle sourit à cette petite victoire d’imposer le noir complet à son
conjoint depuis si longtemps.
Petite brouille
conjugale et un jour le couperet tombe, le reproche jailli : l’homme dit
supporter depuis la nuit des temps cet inconvénient et décide du jour au
lendemain de clouer les volets ouverts contre le mur et de découper les rideaux
en lambeaux pour qu’ils ne se referment plus sur la lumière du petit matin.
Gros coup de blues
pour la belle : comment faire pour dormir dans la lumière… quand le jour
se permet de pénétrer la pièce, le soleil de montrer sa présence, d’illuminer
la chambre sans crier garde, de faire fuir l’obscurité au profit de cet éclat
qui tombe jusque sur ses paupières. Devrait-elle ne plus dormir dans le même
lit de cet homme ? Ne plus partager la même chambre ? Est-ce une
raison valable pour faire chambre à part ?
Quelques nuits
d’essai pour plaire à son amour, la belle accepte de jouer le jeu, de dormir au
jour la nuit… enfin de ne pas sauter du lit pour tirer les rideaux dès que la
lueur apparaît, dès que la flamme de l’aube s’installe tranquillement dans
l’appartement et se joue des paupières perméables de notre héroïne. Quand ce
n’est pas la lune qui envoie son reflet jusque sur le visage de notre super
nana. Notre belle Héroïne n’est pas si
fière que ça, l’épreuve est de moins en moins à sa portée. Le matin, les cernes
lui caressent les joues, son teint blafard lui donne le cafard, et son humeur
maussade l’apparente plus à une mégère non apprivoisée, qu’à la gentille épouse d'antan !
Ce que lui demande
l’homme de sa vie est au dessus de ses forces, il va falloir trouver une
solution pour reprendre le dessus de ces insomnies de peur de voir leur couple
se déliter dans cette nouvelle configuration de leur tandem. Il est tant d’agir
et de trouver LA solution qui va permettre un compromis pour résoudre cette
question.
La discussion
s’engage, aucune des deux parties ne
veut lâcher le morceau. Il faut dire que depuis que Monsieur se réveille au
chant des rayons de soleil, son humeur est légère et sa mine réjouie. Plus
question pour lui de revenir en arrière et d’ouvrir un œil à n’importe quelle heure du jour et de la
nuit et d’être persuadé qu’il vient juste de se coucher. Il se délecte dès
l’aurore de la fraîcheur de cet étincellement et se rendort jusqu’à la minute
qui précède le cri strident de son réveil matin : heureux, en forme pour
une nouvelle journée. Le problème reste entier, la belle a bien essayer de
planquer sa tête sous un oreiller sous peine d’étouffer, de serrer très fort
cette fine peau qui recouvre ses globes oculaires, rien n’y fait, le sort
s’acharne, la lumière transparaît et réveille la belle qui peine alors à
retrouver son sommeil.
La solution est à
mille lieu d'être trouvée et aucun compromis ne semble leur convenir,
le couple s’enlise dans les discussions, puis hausse le ton tour à tour, se dispute
carrément et chacun finit dans une chambre. Çà y est, le mal est fait, ils vont
faire chambre à part, mais c’est sans compter sur leur amour trop fort l’un
pour l’autre. Aucun ne peut se résoudre à laisser l’autre loin de lui, et ils
se retrouvent tous deux au même instant, au milieu du couloir, se tombant dans
les bras et revenant dans leur chambre nuptiale pour s’allonger sur le lit. Une
petite surprise attend la belle : sur l’oreiller trône un drôle de morceau
de tissus, comme un masque de Zorro, elle le prend, le retourne, le regarde,
puis jette un œil vers son mari… Minaudant, elle ose alors dire : c’est pour moi ?
Puis dans un sourire et sans attendre la réponse,
elle le pose directement sur ses yeux.
Mais pourquoi n’y ont-ils pas pensé plus tôt ? Ils se couchent raccommodés
par cette brillante idée et tous deux s’endorment du sommeil du juste l’une
dans le noir de son voile et l’autre ravi de savoir que le blanc du jour
viendra le tirer de sa torpeur à potron-minet et lui permettra de retomber
directement dans les bras de Morphée jusqu'à l’heure d’émerger.
Ah si tous les problèmes pouvaient être résolus par un simple bout de tissu! pffff (soupir!)
RépondreSupprimerBravo pour cette belle histoire dont tu as le secret. Une histoire à dormir debout? Pas tant que ça!
C'est marrant l'idée que faire chambre à part soit un mal, des tas de couples s'irritent pour ronflements, remue ménage, couette qui s'échappe et j'en passe, c'est que la chambre commune est un mal aussi parfois ;D
RépondreSupprimerles petits rendez vous au creux de la nuit dans la chambre de l'autre, je sais pas, c'est chouette aussi quand on est en forme et pas fâché contre la façon de dormir de l'autre, mais faut admettre que dans notre pays chambre ou lit part est synonyme de problèmes conjugaux
C'était juste un clin d’œil à ces taquineries de couple qui parfois gâche le quotidien... toute solution est bonne à prendre, pourvu qu'elle convienne à chacun ! quand à faire "lit à part", je ne pense pas que ce soit forcément synonyme de problèmes conjugaux ! Quand on a déjà la même façon de partager ses jours, on n'est pas obligé d'avoir la même façon de partager son sommeil...
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